Adaptation des primo-prescriptions : le torchon brûle entre les organisations professionnelles
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Alors que le Snof et le SNAO veulent faire annuler le décret qui fixe les modalités d’adaptation des primo-prescriptions de verres correcteurs et de lentilles, la Fnof dénonce « les arguties et les fausses affirmations visant à jeter non seulement le discrédit sur les professionnels de santé que sont les opticiens, mais plus grave, à créer la confusion aux yeux du grand public ! ». Le Rof se réjouit de son côté de la parution de ce texte, qu’il considère comme « une avancée notable ».
Si les syndicats d’ophtalmologistes et d’orthoptistes s’insurgent contre le décret qui pourra « permettre l’adaptation des lunettes même en l’absence d’accord du prescripteur » (il est prévu qu’en l’absence de réponse dans les 10 jours ouvrables, l’accord est présumé acquis, ndlr), la Fnof déclare qu’adapter des prescriptions « relève pleinement de l’expertise technique de l’opticien-lunetier. C’est une prérogative qui lui est déjà accordée dans le cadre d’un renouvellement alors que le patient n’a pas vu le médecin depuis plus d’un an ».
L’organisation estime que « l’ignorance des pathologies oculaires » évoquée par le Snof et le SNAO est « spécieuse dans la mesure où, dans le cadre d’une primo-délivrance, le patient a vu tous les doutes levés par le médecin qui peut donc s’opposer en toute connaissance de cause à l’adaptation ». Quant à la « motivation guidée par intérêt financier », également avancée par les prescripteurs, la Fnof demande « en quoi une adaptation de confort peut changer le prix de vente d’un verre ? L’opticien assure, à sa seule charge, depuis des années, des garanties adaptation même si la loi ne le prévoit pas ». Elle déclare en parallèle « s’inquiéter de l’inefficacité de la délégation de tâche accordée aux orthoptistes en matière de prescription » – ces ordonnances ne dépasseraient pas 0,13 % des volumes globaux pour les lunettes en 2023 – et « de voir des prescriptions de lentilles émanant d’orthoptistes alors que la formation nécessaire » n’a toujours pas été définie. Au-delà du sujet de décret, le syndicat s’agace des « propos tenus par certains administrateurs du Snof dénonçant le manque de règles professionnelles chez les opticiens », en demandant « si celles des ophtalmologistes ont permis d’éviter le développement des centres frauduleux depuis plusieurs années ». Enfin, « si la communication envers les opticiens de s’équiper en messagerie sécurisée prend corps, les retours des prescripteurs en termes d’équipement, d’utilisation ou de mise à disposition ne dépassent pas, à date, 5 %, ce qui ne favorise pas les échanges entre les ophtalmologistes, les orthoptistes et les opticiens », dénonce la Fnof, qui invite le Snof et le SNAO à retirer de son communiqué de presse les mises en cause relatives aux pratiques des opticiens, « afin de pouvoir reprendre de façon apaisée les échanges qui se voulaient jusqu’à ce jour constructifs avec, notamment son président ».
Le Rof n’a pas publié de réaction suite à la prise de position des syndicats d’ophtalmologistes et d’orthoptistes mais a salué dès le 28 juin la publication du décret. Il s’agit selon ce syndicat d’une « avancée notable dans la coopération entre ophtalmologistes, orthoptistes et opticiens pour fluidifier le parcours de santé en France ». Il « se réjouit d’une prise en compte de ses propositions » et « demande à ses adhérents de respecter scrupuleusement les directives de ce décret, notamment la démarche d’obtention d’un accord écrit du prescripteur avant toute adaptation ».