Baisse des garanties et contrats non-responsables, planches de salut des Ocam ?
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Le cabinet de conseil Addactis, spécialisé dans l’assurance, a récemment publié son Observatoire 2024 consacré aux Ocam. Il dresse un tableau inquiétant de ce marché et plaide pour le développement de garanties non-responsables (donc pouvant exclure l’optique et/ou l’audition).
Selon Addactis, le marché des contrats d’entrée de gamme est sous tension, avec un recours conséquent aux paniers 100 % santé, qui peuvent coûter « jusqu’à 20 % de la prime pure du panier de soins ». Ces coûts pèsent sur le panier de soins responsable, « dont la prime pure a augmenté plus que la capacité d’une partie des assurés à le régler, générant ainsi un effet ciseau sur ce segment », explique le cabinet.
Dans ce contexte, les Ocam réduisent les niveaux de couverture et développent des offres non-responsables inédites. Ainsi, environ 25 % des niveaux entrée de gamme étaient non-responsables début 2024, avec des garanties atypiques (incluant ou non l’optique, le dentaire ou encore la kiné, selon le profil d’assuré) ou des garanties complètes, similaires aux gammes responsables, mais ne couvrant pas le 100 % santé. La tendance est également aux bonus fidélité, à la modularité et aux modératos (plafonds, limitations, délais de carence…).
Interrogée par Addactis, Josette Gueniau, directrice de l’Observatoire Innovation et Santé de l’Institut Sapiens, pointe du doigt les réformes réglementaires des deux dernières décennies (contrat responsable, plafonds tarifaires, 100 % santé…) : « Cette tactique n’a réussi à résoudre aucun des problèmes : l’accès aux soins est une problématique transversale complexe, dépassant de loi celle du reste à charge en optique, dentaire et audiologie. Ces postes n’ont pas le monopole de la croissance effrénée des dépassements d’honoraires médicaux. Enfin, le 100 % santé a produit une vague de fraudes en tout genre parfois organisée. » Résultat : les Ocam ne peuvent qu’augmenter les cotisations, touchant principalement ceux dont le contrat responsable était censé favoriser la consommation, comme les séniors.
Selon l’experte, le contrat responsable serait le principal coupable, en contraignant les Ocam à financer 61 % des dépenses d’optique, d’audition et dentaires, et en freinant le développement de la prévention. Dans l’immédiat, Josette Gueniau invite donc les Ocam à repositionner leur offre de couvertures et de services, notamment en collectif, tout en se préparant au paiement au forfait et à la capitation.