Déserts ophtalmologiques : l’UFC-Que Choisir attaque l’Etat pour inaction
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L’UFC-Que Choisir a publié une nouvelle étude visant à montrer l’aggravation des inégalités d’accès aux soins, notamment en santé visuelle. L’association a saisi en parallèle le Conseil d’État « pour faire constater et sanctionner la coupable inaction gouvernementale ».
Selon les chiffres dévoilés par l’UFC-Que Choisir (basés sur l’offre médicale accessible à moins de 45 minutes de route), 19,3 % des Français résident dans un désert médical pour l’ophtalmologie, 24,8 % des femmes dans un désert médical gynécologique et 28,9 % des enfants dans un désert médical pédiatrique. En intégrant la dimension financière de l’accès aux soins, c’est-à-dire en ne prenant en compte que l’accès aux praticiens ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires, l’association dénonce une situation « absolument catastrophique » pour l’accès aux spécialistes, dans les zones rurales mais aussi urbaines : sur la base de ces critères, 59,3 % des habitants vivent dans un désert ophtalmologique.
« Obstruction systématique » du gouvernement
Pour étayer ces données, les bénévoles de l’association ont contacté 761 ophtalmologistes dans 65 départements pour demander un rendez-vous pour une visite de contrôle, en tant que nouveaux patients. « Dans 28 % des cas, les professionnels interrogés ont refusé de planifier un rendez-vous. Et quand un ophtalmologue accepte de vous recevoir, pour être effectivement examiné, il faut voir loin ! En effet, le délai moyen d’obtention d’un rendez-vous est de 65 jours, et peut même parfois être supérieur à 1 an. Les délais d’attente sont réduits si les usagers s’adressent à des professionnels pratiquant des dépassements d’honoraires… », déplore l’UFC-Que Choisir. Face à cette situation, l’organisation montre du doigt le gouvernement qui « fait systématiquement obstruction » à la mise en place de mesures pour résorber la fracture sanitaire, notamment celles visant à réguler l’installation des médecins. Elle passe donc à la vitesse supérieure en déposant un recours devant le Conseil d’État, lui demandant de « constater et de sanctionner l’inaction du gouvernement » et l’enjoignant « à prendre sans délai les mesures courageuses permettant de résorber la fracture sanitaire ».
En outre, l’UFC-Que Choisir lance une campagne de terrain pour sensibiliser et mobiliser les habitants des territoires. Ses associations locales entourent de rubalises « J’accuse l’État » certains lieux stratégiques (CPAM, ARS) pour symboliser les inégalités d’accès aux soins et dénoncer l’inaction du gouvernement. Enfin, une pétition baptisée « Accès soins – J’accuse l’État » a été lancée. A ce jour, elle a été signée par près de 41 000 personnes, sur un objectif de 100 000.