Opticiens hors magasin : le gouvernement botte en touche

Publié le 19/07/2023

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Interpellé par la députée Sandrine Le Feur (élue Renaissance dans le Finistère) sur le statut des opticiens de santé en mobilité, le ministère de la Santé s’est dérobé à la question, préférant mettre en avant les récentes réformes mises en œuvre dans la filière de santé visuelle.

En avril dernier, Sandrine Le Feur a rappelé au gouvernement, par le biais des questions écrites, que 64 % des départements sont considérés comme des « déserts ophtalmologiques » et que les difficultés d’accès aux soins visuels sont accentuées par l’isolement et la difficulté de certains patients à se déplacer. « Le président de la République en avait fait un objectif majeur dans le cadre de la réforme du 100 % santé, déclarant que des lunettes 100 % remboursées ne servaient à rien s’il fallait attendre 12 mois pour voir un ophtalmologiste », a-t-elle souligné, en insistant sur la nécessité de prendre désormais des « orientations concrètes et efficaces ».  Pour l’élue, une solution réside dans les opticiens de santé mobiles. Elle reprend les arguments du collectif Road (Regroupement des opticiens à domicile) : « ces professionnels s’inscrivent dans la dynamique de ‘l’aller vers’ mis en place après la pandémie en se déplaçant directement chez le patient. Ils pourraient notamment réaliser des consultations asynchrones en télé-expertise avec des ophtalmologistes pour les renouvellements d’équipement optique et pour la réalisation d’examens ». Sandrine Le Feur demande ainsi au ministère de la Santé de reconnaître le rôle des opticiens de santé en mobilité et de les intégrer à l’avenant 9 de la convention médicale pour la pratique de la télé-expertise.

Cette question ayant été signalée (dans ce cas, le gouvernement doit répondre dans un délai rapide), le ministère a répondu le 11 juillet… Sans vraiment répondre. Ses services ont mis en exergue les récentes avancées en santé visuelle, notamment l’expérimentation prévue par la loi du 5 février 2019 et lancée en 2022, qui permet aux opticiens des régions Centre Val-de-Loire et Normandie d’intervenir en Ehpad. « Au regard de la nature expérimentale du dispositif déployé, la généralisation ne devrait pouvoir être envisagée qu’en fonction des résultats de l’évaluation. Cette expérimentation permettra ainsi d’évaluer l’efficacité du dispositif avant tout déploiement (pertinence de l’intervention de l’opticien dans ces structures, faisabilité technique, difficultés rencontrées etc.). » Le gouvernement rappelle aussi l’élargissement des compétences des opticiens par la récente loi les autorisant officiellement à adapter une primo-prescription, ainsi que l’extension du champ de compétences des orthoptistes (primo-prescription des verres et lentilles, réalisation de certains dépistages chez l’enfant) : « les opticiens-lunetiers bénéficient de cette mesure, par ricochet, qui leur permet dès à présent de délivrer des montures sur prescription d’un orthoptiste ».

En revanche, le ministère n’évoque absolument pas la reconnaissance éventuelle des opticiens en mobilité et contourne littéralement la question originelle. En prenant ainsi la tangente, il n’y oppose pas une fin de non-recevoir, mais laisse entendre que cette solution est loin d’être une priorité et qu’il faut avant tout laisser aux récentes mesures le temps de produire leurs effets.

Crédit photo : Les Opticiens Mobiles

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