Réfraction en Ehpad par les opticiens : 1er bilan des expérimentations
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La loi du 5 février 2019 visant à améliorer la santé visuelle des personnes âgées en perte d’autonomie autorise, à titre expérimental, les opticiens à réaliser des réfractions en Ehpad et à adapter, dans le cadre d’un renouvellement, les prescriptions initiales de lunettes ou de lentilles. Les régions Centre-Val de Loire et Normandie participent à cette expérimentation, qui implique 13 opticiens du réseau Les Opticiens Mobiles. Premiers constats.
Selon les chiffres publiés par Les Opticiens Mobiles, 47 % des résidents d’Ehpad, dépistés dans le cadre de l’expérimentation, présentent un problème de vue et ne portent pas de lunettes adaptées à leur besoin. « Ce chiffre est d’autant plus à considérer avec attention qu’au-delà de l’inconfort visuel subi par les résidents, ces gênes et troubles visuels sont la source de nombreux problèmes associés : isolement, risque de chutes, apparition de démence, problème d’alimentation… », commente l’entreprise. Par ailleurs, 31 % des résidents ont pu être équipés d’une nouvelle paire de lunettes, ce qui montre que « la mobilité des professionnels de santé est un impératif auprès des personnes de grand âge ».
Les Opticiens Mobiles regrettent la portée limitée de l’expérimentation, au regard de la forte demande existant dans les établissements pour personnes âgées dépendantes. La société pointe du doigt les freins qui persistent, notamment le problème d’accès à l’ordonnance. L’expérimentation permet en effet de délivrer des lunettes sans prescription en cas de perte ou de casse mais, dans ce cas, il ne peut pas y avoir de remboursement. Les opticiens du réseau effectuent dans ce cas un travail de coordination avec le médecin ophtalmologiste du résident, quand un suivi est possible, ou le médecin référent par la transmission des corrections mesurées, afin d’obtenir une prescription. En outre, les dépassements générés par les frais de déplacement et de prestation de service de l’opticien mobile ne sont pas couverts par le 100 % santé. « Il s’agit là d’un non-sens quand on sait que le déplacement de ces mêmes patients pour leur santé visuelle (via une logique complexe sollicitant aidants et personnels soignants) générerait pour une majeure partie des frais de transport sanitaires (taxis conventionnés, VSL ou ambulances). » Enfin, l’intervention ne permet pas de réinsérer complètement les résidents dans un parcours de soin médical au contact d’un ophtalmologiste.
Les Opticiens Mobiles plaident ainsi pour une généralisation de l’expérimentation à l’ensemble du territoire français, mais aussi pour son évolution avec de nouvelles délégations de tâches en télé-expertise entre opticiens et ophtalmologistes.