RDV en ophtalmologie : des discriminations pour les bénéficiaires de l’AME

Le Défenseur des droits et le ministère de la santé et de la prévention, représenté par la Dress (Direction de la recherche, de l’évaluation, des études et des statistiques) et la DSS (Direction de la sécurité sociale) viennent de dévoiler les résultats d’une étude portant sur les refus de soins aux bénéficiaires de la CSS (Complémentaire santé solidaire) et l’AME (Aide médicale de l’Etat) dans trois spécialités, dont l’ophtalmologie.

Parmi les principaux résultats, on apprend que 4 appels sont nécessaires en moyenne pour « entrer en contact avec le cabinet médical ». Pour les personnes ayant obtenu un rendez-vous en ophtalmologie, le délai d’attente dépasse les 55 jours.

En termes de discrimination, l’étude conclut que « les chances d’obtenir un rendez-vous médical pour les bénéficiaires de la CSS sont similaires à celles des patients de référence ». Les choses sont cependant plus compliquées pour les bénéficiaires de l’AME : ils doivent en effet appeler 1,3 fois plus que les patients de référence pour obtenir un rendez-vous. Ils ont entre 19 et 37 % de chances de moins d’avoir un rendez-vous, « et ce quels que soient le genre et le secteur d’exercice des praticiens » précisent les auteurs de l’enquête. 9 % des demandes de rendez-vous de patients bénéficiaires de l’AME chez un ophtalmologue se sont soldées par un refus discriminatoire explicite.

« Cette réticence à l’égard de la prise en charge des bénéficiaires de l’AME est susceptible de s’expliquer à la fois par des préjugés selon lesquels la prise en charge de ces patients serait plus complexe (patients en moins bonne santé, ne maîtrisant pas ou peu le français, consultations plus longues…) et par l’anticipation de démarches administratives plus lourdes pour les professionnels de santé (et les caisses d’assurance maladie) dans la mesure où ces patients ne bénéficient pas de la carte Vitale », conclut la Dress.

Méthodologie : cette étude s’appuie un testing téléphonique composé de 34 000 appels, réalisés entre mars et septembre 2022 auprès de 3 000 praticiens (médecine générale, ophtalmologie et pédiatrie) pour une demande de rendez-vous médical pour un motif non urgent. Trois profils de patients sont présentés : bénéficiaires de la CSS, bénéficiaires de l’AME et ceux dits « patients de référence » ne déclarant recevoir aucune de ces deux aides.