“Il faut travailler sur la pertinence des prescriptions optiques”, estime le Snof, en craignant un désengagement des Ocam
Partager :
En corollaire de la publication d’un référentiel de bonnes pratiques pour la télé-prescription d’une correction optique, les organisations professionnelles d’ophtalmologistes mettent en doute le bien-fondé de certaines ordonnances de lunettes ou de lentilles.
« Afin de maintenir la sécurité des patients et la soutenabilité de notre système de prise en charge des équipements, la pertinence des prescriptions optiques doit être assurée », a affirmé Vincent Dedes, président du Syndicat national des ophtalmologistes (Snof), à l’occasion de la présentation du 131ème Congrès de la SFO, qui se déroulera du 10 au 12 mai 2025 à Paris. Les ordonnances établies à distance via des solutions de télé-expertise sont particulièrement visées (une des sociétés, dont le nom n’a pas été dévoilé, a d’ailleurs assigné le Snof pour dénigrement) : « Un positionnement clair et officiel des syndicats des opticiens serait utile pour leurs adhérents. Les opticiens doivent choisir s’ils veulent rester ou non dans le champ des professionnels de santé. Nous ne sommes pas contre la télémédecine. La filière visuelle et le Snof ont toujours été précurseurs en matière de télémédecine et de délégation des tâches : premier acte de télémédecine remboursé, protocole de coopération avec les orthoptistes, renouvellement optique par les opticiens et les orthoptistes, etc. Il est bon de rappeler que toutes ces avancées ont été possibles grâce à la concertation des 3 O et en respectant les différents cadres réglementaires. Mais ce n’est pas aux structures commerciales de définir la réglementation. »
Les renouvellements systématiques, à l’issue de chaque période de remboursement d’un équipement optique (2 ans sauf changement de correction), sont également dans le collimateur des prescripteurs. « On peut aussi parler de la non pertinence des demandes de certains patients qui veulent de nouvelles lunettes alors que leur équipement n’a pas besoin d’être changé, ou alors seulement les verres », a illustré Marc Labetoulle, secrétaire général de la SFO.
Pour Vincent Dedes, les ophtalmologistes doivent faire de la pédagogie auprès des patients, en leur rappelant que, in fine, c’est eux qui payent leur complémentaire santé. Le président du Snof craint en effet un éventuel désengagement des Ocam sur l’optique : il cite l’exemple de la proposition de la mission sénatoriale sur les AMC, qui suggère d’allonger à 3 ans le délai minimum entre 2 prises en charge. « Cette proposition nous inquiète. 3 ans, c’est trop long pour de nombreux patients », estime-t-il.