L’OL Mag 768 – ebook
Informations complémentaires
Sans expédition – Produit uniquement téléchargeable – Vous recevrez un email contenant un lien de téléchargement.
*La couverture du magazine est une annonce publicitaire.
Vous préférez la version papier ?
Cliquez ici
12,00 € TVA incluse
L’OL [MAG] n°768 – Juillet-Août 2023
Edito
LE CHOIX DE L’ABSURDITÉ
Le ministère de la Santé veut développer le taux de recours au 100 % santé en optique, qu’il juge trop faible. Pour améliorer sa pénétration, il souhaite inciter les opticiens à délivrer davantage d’équipements du panier A par le biais d’un bonus financier. Son projet est de verser ce bonus aux opticiens qui délivreraient au moins 65 % de lunettes composées exclusivement de produits 100 % santé, soit 6 fois leur proportion actuelle (voir notre Zoom page 21).
Une telle mesure, à laquelle s’opposent bien naturellement les syndicats, soulève des questions majeures qui confinent à l’éthique. En effet, elle entraverait à la fois la liberté de choix de l’opticien et celle des clients : ces derniers pourraient se voir quasiment imposer un équipement du panier A, alors qu’ils n’en veulent pas, par un professionnel motivé uniquement par un gain financier. Cette incitation serait en outre une prime au made in China, l’immense majorité des produits 100 % santé étant, compte tenu de leurs prix plafonds, fabriqués en Asie. Drôle de stratégie pour des pouvoirs publics censés épauler les industriels français et motiver les citoyens à privilégier les circuits courts.
L’intention déclarée du gouvernement, louable par ailleurs, est d’améliorer l’accès aux soins visuels en facilitant l’acquisition de lunettes sans reste à charge. Il semble cependant oublier que le taux de 100 % santé, en optique, n’est pas égal au taux d’équipements intégralement pris en charge. En effet, celui-ci atteint 20 % des équipements délivrés, dont la moitié sont exclusivement composés de produits du panier B, de qualité supérieure à ceux du panier A. Ce chiffre montre que le 100 % santé est loin d’être indispensable et que les consommateurs ont aujourd’hui le choix entre du panier A, du panier B sans reste à charge ou du panier B avec reste à charge, en fonction de leurs attentes, de leurs envies et de leurs moyens. C’est cette donnée-là qu’il faut prendre en compte, en privilégiant au choix de l’absurdité une logique évidente et respectueuse des libertés de chacun.