L’OL [MAG] n°766 – Avril 2023

Edito

DU PANIER A, COÛTE QUE COÛTE

A l’heure où nous bouclons ce magazine, un article de L’Argus de l’Assurance aborde les évolutions possibles du 100 % santé. Interrogé par nos confrères, Laurent Borella, directeur général de Kalixia, y évoque les souhaits du gouvernement. Parmi eux, « la mise en place de contrôles pour les opticiens avec un système de primes pour les professionnels qui délivreraient plus de 100 % santé ». Cette proposition montre que les pouvoirs publics n’ont pas l’intention de lâcher l’affaire. Depuis la mise en œuvre de la réforme, la part du panier A dans les ventes est en effet jugée toujours trop faible et le ministère de la Santé entend bien l’augmenter, coûte que coûte.
Pourtant, tous les rapports – qu’ils émanent d’organismes privés ou publics (Cour des comptes, Drees) – avancent la même explication : en optique, le 100 % santé était quasiment inutile, compte tenu du niveau de prise en charge des équipements par les Ocam.
Pourquoi donc s’acharner à développer un dispositif jugé unanimement inadapté aux besoins ? Et qui, s’il prend de l’essor, pénalisera l’innovation et fragilisera les fabricants français ?
Outre l’aberration que représente cette situation, peut-on réellement envisager l’attribution de primes aux gros faiseurs de 100 % santé ? D’un point de vue légal, un tel système semble en effet hors des clous, car il influencerait le professionnel de santé, remettrait en cause sa liberté de choix, et par ricochet celle du porteur.
Selon l’article de L’Argus de l’Assurance, il ne s’agit pour l’instant que d’une hypothèse, à laquelle le DG de Kalixia s’oppose. Les organisations professionnelles devraient elles aussi monter au créneau contre cette perspective. Son évocation vous invite cependant à ne pas relâcher vos efforts et à défendre toujours plus l’innovation, la qualité, pour éviter à la filière d’être tirée par le bas.