Les opticiens gardent le moral dans la tourmente ! Même bousculés entre attaques médiatiques, offensives législatives et pressions économiques, le métier rime avec plaisir et satisfaction pour la plupart d’entre vous. Notre enquête exclusive sur le bonheur des opticiens montre même un enthousiasme supérieur chez les plus jeunes. En cette période troublée pour le secteur, ses résultats apportent un vent d’optimisme encourageant pour l’avenir de notre filière.

7 opticiens sur 10 sont heureux !

66% des opticiens se disent, de manière générale, heureux au travail : 14,6% se disent «très heureux», quand 51,4% s’estiment «assez heureux». Certes, un tiers d’entre vous (34%) montre moins d’enthousiasme, mais les «cas graves», qui ne s’avouent «pas du tout heureux», ne concernent que 4,6% des répondants. Et qu’on se le dise : le bonheur est partout ! Cette proportion de 7 opticiens «heureux» sur 10 se retrouve en effet dans toutes les typologies de la profession, que vous soyez propriétaire ou salarié, indépendant ou sous enseigne, jeune ou plus âgé, installé en zone rurale ou en ville, partenaires de réseaux de soins ou non…

Où se trouve le “grand bonheur” ?

Les «très heureux» sont en revanche plus présents dans certaines catégories : ce «grand bonheur» est ressenti par 17% des indépendants (contre 11% des opticiens sous enseigne) et 18% des opticiens exerçant en zone rurale (contre 5% de ceux qui exercent en ZAC ou centre commercial). Le travail en équipe donnerait aussi davantage la banane : 17% des opticiens travaillant au sein d’une équipe d’au moins 3 personnes sont «très heureux», contre 13,5% de ceux qui exercent tout seul ou à deux.

“81 % des opticiens indépendants, travaillant en zone rurale et en équipe sont heureux, 36,6 % étant même “très heureux“

Vous êtes “presque” tous des passionnés

73% d’entre vous se disent « vraiment passionnés » par leur activité professionnelle ! Fait encourageant : ce chiffre monte même à 75% chez les jeunes opticiens de moins de 30 ans (contre 71% des plus de 50 ans). Seul un quart des répondants n’est « pas vraiment passionné » (30% en centre commercial/ZAC) et une petite frange de 2% ne l’est « pas du tout. » Cette passion est générale : les réponses sont sensiblement les mêmes, quelles que soient la typologie du magasin et sa politique en matière de réseaux de soins.

A quelques petites nuances près : 75% des indépendants sont vraiment passionnés, contre 69% des opticiens sous enseigne. Ils sont par ailleurs 77% dans ce cas en zone rurale, contre 73% en centre ville et 69% en centre commercial / ZAC.

Pas trop de regrets, mais qui vivra verra…

Au quotidien, la passion ne vous fait pas perdre cependant le sens des réalités. Vous aimez votre métier, mais à peine plus d’un quart d’entre vous (27,6%) n’en changeraient pour rien au monde. Les « addicts » à l’optique sont plus nombreux chez les jeunes (30,5% des moins de 30 ans), ceux qui exercent en équipe (31% des opticiens travaillant à 3 ou plus), en zone rurale (31,5%) et ceux qui travaillent avec les réseaux de soins (33% des opticiens partenaires de plus de deux réseaux). Près d’un opticien sur 5 (18,7%, mais seulement 10% des moins de 30 ans contre 23,6% des plus de 50 ans) regrettent leur choix professionnel et auraient fait autre chose « s’ils avaient su… ». Pour la majorité, c’est le pragmatisme qui domine : 53,73%, d’entre vous se disent satisfaits pour le moment mais pourraient changer de voie professionnelle dans quelques années. Ils sont 59% dans ce cas chez les moins de 30 ans et 62,7% chez ceux installés en centre commercial /ZAC.

Devenir opticien, un choix majoritairement délibéré

Non, la plupart des opticiens ne sont pas tous, comme le prétendent les mauvaises langues, des « rebus » des facultés de médecine, de pharmacie, ou autres écoles de professionnels de santé ultra sélectives. Ce cas de figure ne concerne que 14,3% des répondants (20% des moins de 30 ans et 10% des plus de 50 ans). Plus de 6 opticiens sur 10 (61%, 65% des indépendants et 55% des sous enseigne) ont en effet délibérément choisi ce métier, pour toutes ses spécificités. Et seuls 7,3% sont devenus opticiens car l’un de leurs parents l’était (9,5% des propriétaires, 9% des opticiens sous enseigne et 13,5% des plus de 50 ans).


Qui sont les plus “malheureux” ?

Les 4,6% d’opticiens « pas du tout heureux » au travail évoquent plusieurs facteurs. Ce désarroi s’expliquerait notamment par une erreur d’orientation (seuls 32% d’entre eux sont passionnés par le métier, contre 73% pour l’ensemble des répondants).Ces « opticiens malheureux » ont aussi davantage de difficultés à conjuguer vie professionnelle et personnelle (74% font état de problèmes sur ce point, contre 58% en général), sont plus nombreux à être déçus de leurs revenus (61% les jugent insuffisants, contre 46% en général) et subissent une mauvaise ambiance en magasin (30%, contre 8,7% chez l’ensemble des opticiens).

Vie professionnelle/vie privée : un équilibre bien difficile à trouver

Comme de nombreux commerçants, votre métier, chronophage, est difficilement compatible avec votre vie familiale. Ainsi, 58% des opticiens (62% de ceux qui sont sous enseigne et 69% de ceux qui travaillent en centre commercial/ZAC) n’ont pas assez de temps pour leur vie personnelle. Ce chiffre tombe à 51% chez les moins de 30 ans et à 49,6% chez les opticiens « ruraux. »

Des revenus insuffisants pour la moitié d’entre vous

Qu’ils soient indépendants ou sous enseigne, 47% des opticiens estiment que leurs revenus se situent à un niveau normal compte tenu de leur niveau d’études, de leur expérience et de leur travail quotidien (ce chiffre monte à 50,6% chez ceux qui travaillent avec plus de 2 réseaux de soins). Mais ils sont presque autant (46%) à juger ceux-ci insuffisants (50,2% chez les salariés, contre 44,4% des propriétaires). Si une poignée (6,8%) enregistre des revenus supérieurs à leurs espoirs, seulement 2,6% des salariés sont dans ce cas (contre 8,4% des propriétaires), qui concerne aussi 3,7% des moins de 30 ans mais 10% des opticiens en zone rurale.

Notons que la satisfaction en termes de revenus augmente avec la taille du magasin : 51,5% des opticiens travaillant dans des points de vente à l’effectif limité (1 à 2 personnes) jugent leurs revenus insuffisants, contre 38,6% de ceux travaillant dans des magasins plus importants (effectif de 3 personnes ou plus). Parmi ces derniers, ils sont même 9% à se réjouir de gagner plus qu’espéré. En revanche, les opticiens travaillant en centre commercial / ZAC sont seulement 40% à juger leurs revenus normaux, 54% d’entre eux les jugeant insuffisants.

Un métier double facette à dominante “santé”

Une majorité d’opticiens (58%, ce chiffre étant identique chez les propriétaires et les salariés) se considère à la fois comme un professionnel de santé et un commerçant. Plus d’un tiers (37,5%) se disent avant tout professionnel de santé (41,8% des moins de 30 ans, mais 33% des sous enseigne), mais seuls 4,5% se jugent commerçant avant tout. L’image du simple « vendeur de lunettes » véhiculée par les médias est donc bien loin de l’image que vous avez, vous, de votre métier.

Une bonne ambiance en magasin

Pour 7 opticiens sur 10, les relations entre collaborateurs sont très bonnes. Seuls 8,7% d’entre vous regrettent une mauvaise ambiance en magasin, pointant du doigt les pressions (économiques, des Ocam…) qui pèsent sur l’atmosphère. 10,63% des opticiens ne travaillant avec aucun réseau de soins sont dans ce cas de figure, contre 6,49% de ceux adhérant à plus de 2 réseaux.

C’était mieux avant…

Plus de la moitié des répondants (51,2%) jugent leur situation professionnelle « moins bonne » que celle de leurs parents (57,5% des moins de 30 ans et 48,5% des opticiens ruraux). Seuls un quart (26%) l’estime meilleure. Sans surprise, cette proportion monte à 31,2% chez les plus de 50 ans, qui ont connu « l’âge d’or » du secteur, et dont les parents ont à l’inverse traversé des périodes économiques très difficiles.

Mon fils, ma fille, tu NE seras PAS opticien…

Aussi passionnant que soit le métier, la plupart d’entre vous ne souhaitent pas voir leurs enfants prendre ce chemin. Une majorité (57,3%, mais 45% des moins de 30 ans et 53% des sous enseigne) ne leur conseillera « surtout pas » cette profession. Ils sont 60% chez les propriétaires et 63% chez les plus de 50 ans. Les opticiens travaillant « hors réseaux de soins » sont également 63% à dissuader leurs enfants de « faire optique », contre 50% de ceux qui travaillent avec plus de deux réseaux. Globalement, 40% des opticiens pourraient conseiller à leurs enfants de faire ce métier, mais en les avertissant des difficultés auxquelles ils devront faire face. Seuls 2,7% leur conseilleraient de suivre cette voie sans hésiter.

Côté salariés…

Dans le cadre de notre enquête, nous nous sommes aussi intéressés de près au bonheur professionnel des salariés. Si 70 % d’entre eux se disent, comme leurs patrons, heureux au travail, nombre d’entre eux pointent des faiblesses au quotidien.

Les salariés manquent de reconnaissance

Plus de 6 salariés sur 10 s’estiment insuffisamment reconnus par leur hiérarchie. 17% d’entre eux se disent même « pas du tout » reconnus. Cette grosse déception touche 20,5% des collaborateurs travaillant en centre commercial / ZAC, 22% des salariés travaillant dans des points de vente partenaires de plus de 2 réseaux de soins et 19% de ceux travaillant dans des magasins sous enseigne (contre 15% de ceux qui travaillent chez un indépendant).

Des avantages sociaux au compte-gouttes

Ils sont 15% à bénéficier seulement d’une complémentaire santé d’entreprise, 12% à bénéficier seulement de titres restaurants et 4% à bénéficier seulement de RTT. Près de 30% d’entre eux cumulent plusieurs de ces avantages sociaux (15,38% des salariés de points de vente « hors réseaux de soins », contre 40% des salariés travaillant dans des magasins partenaires de plus de deux réseaux). C’est sur ce seul point que les salariés des magasins installés en centre commercial / ZAC sont avantagés : 38,6% cumulent plusieurs avantages sociaux (idem chez les salariés des magasins sous enseigne), et seuls 25% n’en ont aucun. Sur ce point, les magasins en zone rurale sont la lanterne rouge : 63% de leurs collaborateurs ne bénéficient d’aucun avantage. Sans surprise, les petits points de vente ne sont guère mieux lotis : 49,4% des salariés qui travaillent seuls ou avec un autre collaborateur n’ont aucun avantage social, contre 33% de ceux qui travaillent à 3 ou plus.

Les 35 heures ? Connais pas…

Seulement 20% des salariés sont aux « 35 heures. » 30% travaillent entre 35 et 39 heures, et 48% plus de 39 heures (57% en ZAC/centre commercial). Plus l’équipe est importante, plus le temps de travail l’est aussi : 58,7% de ceux qui sont 3 ou plus travaillent plus de 39 heures.


Enquête réalisée en ligne du 17 juillet au 1er septembre 2014. Notre questionnaire a recueilli les réponses de 832 participants (71 % de propriétaires et 29 % de salariés, 59,3 % d’indépendants et 40,7 % d’opticiens sous enseigne).