Achats de lunettes correctrices : une étude inédite casse les idées reçues

Publié le 08/12/2025

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Une enquête réalisée par Gallileo Business Consulting pour le Rof (Rassemblement des opticiens de France) apporte un nouvel éclairage sur les usages et les attentes des porteurs de lunettes. Ses conclusions sont claires : les Français ne renouvellent pas leurs lunettes sous l’effet de la publicité, mais parce que leur vision évolue, et ils accordent une confiance massive à leur opticien.

L’étude* a été présentée le 8 décembre par Jean-François Porte, président du Rof (à droite sur la photo), et Maher Kassab, PDG de Gallileo Business Consulting (à gauche). Elle poursuit trois objectifs : « mettre en lumière le rôle que jouent les opticiens auprès de la population française avec des données objectives, préparer l’avenir de la filière visuelle en rappelant que les opticiens sont en capacité de prendre encore plus et mieux en charge à travers le dépistage et la prévention, et rétablir quelques faits dans des débats qui relaient des positions souvent non étayées défavorables aux opticiens », a listé Jean-François Porte. Ses conclusions, qui montrent que l’optique est avant tout un marché de santé, sont présentées aux pouvoirs publics, dans le cadre des discussions du PLFSS et du projet de la loi de lutte contre les fraudes, mais surtout en perspective du débat sur la réforme des contrats responsables qui s’annonce pour 2026. « Nous souhaitons être associés aux discussions, espère Jean-François Porte. Nous allons aussi mobiliser la presse grand public. On peut désormais répondre aux attaques avec de vrais chiffres. » Voici les principaux enseignements de cette enquête.

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Des achats dictés par le besoin
Seuls 7 % des porteurs ayant acheté un équipement entre 2021 et 2025 sont des primo-accédants. « C’est sur eux que repose la croissance du marché de l’optique, qui a progressé de 3,4 % en 2024 selon la Drees », explique Maher Kassab, PDG de Gallileo. La dynamique repose donc très largement sur le renouvellement, dans un contexte où la croissance est tirée par le vieillissement, la progression de la myopie et l’usage intensif des écrans. Pour 45 % des porteurs, celui-ci intervient avant trois ans, pour 29 % entre trois et quatre ans, et au-delà pour 26 %. Dans 78 % des cas, la décision de changer de lunettes est motivée par une dégradation de la vision. L’usure des verres ou de la monture intervient pour près d’un Français sur deux, tandis que les critères esthétiques ou promotionnels restent très marginaux : entre 76 % et 92 % assurent ne pas être influencés par la publicité ou les remises. Le renouvellement se déroule très largement dans un cadre médical : 87 % des sondés ont effectué un examen de vue, le plus souvent chez l’ophtalmologiste (un sur cinq a été vu par son opticien).

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Légitimité incontestée de l’opticien
9 Français sur 10 estiment que les opticiens ont un rôle à jouer dans la prévention. Deux tiers jugent même leur communication utile pour rappeler l’importance du suivi visuel ou pour comprendre les offres. Contrairement aux discours souvent relayés, la publicité n’amène pas à renouveler trop souvent : trois quarts des porteurs affirment qu’elle n’influence pas leur comportement sur ce point. Les opticiens bénéficient par ailleurs d’une forte confiance : 85 % des porteurs savent qu’ils peuvent réaliser un examen de vue et 81 % leur font confiance pour cela. La connaissance du cadre réglementaire progresse également : 78 % déclarent connaître la durée de validité des ordonnances. Pour autant, l’ophtalmologiste demeure incontournable : 87 % des porteurs ont présenté une nouvelle ordonnance lors de leur dernier achat.

Achats de lunettes correctrices - une étude inédite casse les idées reçues - slide 3Des restes à charge choisis
19 % des porteurs ont eu recours au 100 % santé lors de leur dernier achat. Globalement, 20 % n’ont rien eu à payer grâce à ce dispositif ou au remboursement de leur complémentaire. Parmi ceux qui ont déboursé un reste à charge, la plupart l’ont fait pour accéder à une monture particulière ou à des verres avec traitements spécifiques. Contrairement à ce qu’avancent certains acteurs du monde assurantiel, les porteurs ne cherchent pas non plus à maximiser leur remboursement : la moitié ne tient pas à utiliser l’intégralité de leur couverture. D’ailleurs, 70 % ne la connaissent pas (ou que vaguement), alors que la loi oblige pourtant les Ocam à informer clairement les assurés sur ce sujet.

« Dans une période où plusieurs propositions interrogent le cadre de prise en charge de l’optique, ces résultats apportent des repères solides. Le système articulant Assurance maladie obligatoire et complémentaires santé permet aujourd’hui une couverture globalement stable, comprise et utilisée par les assurés, avec des restes à charge maîtrisés : d’ailleurs 90 % des répondants connaissent le 100 % santé. Toute évolution significative de cet équilibre pourrait modifier l’accès aux équipements pour certains publics et affecter la résilience économique des points de vente, notamment les plus petits. Les données soulignent également le champ d’action possible pour la profession. Dans certains territoires ou pour des publics spécifiques (par exemple les personnes âgées ou les résidents d’Ehpad), des formes renforcées d’intervention des opticiens, en lien étroit avec les ophtalmologistes et dans un cadre sécurisé, pourraient contribuer à améliorer la prévention, le suivi et la continuité des soins. Cette attente est d’ailleurs largement partagée par les porteurs eux-mêmes, dont près de 9 / 10 attribuent à l’opticien un rôle en matière de prévention visuelle », commente le Rof.

*L’enquête « Les Français et l’optique » de Gallileo Business Consulting pour le Rof a été réalisée auprès d’un échantillon de 3 001 consommateurs, représentatifs de la diversité des porteurs de lunettes de vue en France Métropolitaine, interrogés via un questionnaire en ligne administré du 4 au 18 septembre 2025.

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d’Opticien Lunetier

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