Télé-prescription d’une correction optique : les ophtalmos haussent le ton et publient des règles de bonnes pratiques

Publié le 17/01/2025

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Face au développement de solutions de télé-expertise et téléconsultations dans les magasins d’optique, qui proposent aux porteurs l’obtention d’une ordonnance dans un bref délai, le Conseil national professionnel d’ophtalmologie (CNPO) a établi un cadre de référence pour « pour rendre un avis ophtalmologique d’expert dans le cadre d’une télé-expertise demandée par un auxiliaire médical pour valider et signer une prescription de correction optique ».

Le CNPO* estime que, pour qu’un ophtalmologiste établisse une prescription de lunettes ou de lentilles à partir d’informations transmises par un autre professionnel (comme un opticien), les critères listés ci-dessous doivent être réunis :

  • patient ayant consulté un ophtalmologiste en présentiel il y a moins de 5 ans,
  • patient âgé de 16 à 65 ans,
  • données de l’interrogatoire : pas de pathologie oculaire ou générale à retentissement visuel (arrêté du 25 janvier 2023 fixant la liste des contre-indications pour la prescription de verres correcteurs et le bilan visuel réalisés par un orthoptiste),
  • pas de baisse importante de vision,
  • réfraction,
  • mesure d’acuité visuelle sans et avec correction (monoculaire et binoculaire),
  • évaluation de la perte de meilleure acuité visuelle corrigée,
  • rétinographies (photographies du fond d’œil),
  • photographie du segment antérieur,
  • mesure de la pression-intraoculaire au tonomètre à air,
  • mesure de pachymétrie (mesure de l’épaisseur de la cornée) réalisée et consignée à partir de la première évaluation.

Par ailleurs, le professionnel de santé requérant doit être habilité règlementairement à réaliser les examens qu’il transmet et agir dans un cadre reconnu (par un décret, un arrêté ou une convention avec l’Assurance maladie). L’interprétation médicale par un ophtalmologiste à partir de l’ensemble de ces éléments se fera dans un délai de 8 jours après l’envoi de la demande. La réponse au professionnel requérant comprendra uniquement des informations nécessaires à la prise en charge et l’ordonnance éventuelle sera adressée uniquement au patient avec des explications. En cas d’anomalie constatée par l’ophtalmologiste ayant interprété le dossier, la continuité des soins est une priorité : il s’agira alors d’orienter le patient vers un examen ophtalmologique avec le médecin ayant réalisé l’interprétation du dossier, en présentiel et sur le territoire de vie du patient (moins de 1 heure de route).

Le CNPO précise que toute ordonnance délivrée aux patients en dehors de ce référentiel de télé-prescription optique (dans le cadre des téléconsultations ou télé-expertises) ne serait pas conforme aux recommandations de bonnes pratiques définies par le CNP d’Ophtalmologie.

L’organisation ajoute que « la prescription d’une correction optique est la résultante d’une analyse de la réfraction et du dépistage de pathologies. Réaliser ou ‘interpréter’ une simple mesure d’acuité-réfraction et à l’issue rédiger une prescription, ne peut être qualifié ni de consultation, ni d’avis médical et pourrait être source de perte de chance pour le patient. Il n’est pas rare qu’un patient venu a priori pour un changement de lunettes avec ou sans baisse de vision présente une pathologie oculaire associée, ce que la réfraction optique seule ne pourra ni détecter ni corriger. La prescription par l’ophtalmologiste d’une formule optique transmise par un professionnel de santé n’est pas un avis. C’est la simple ratification d’une formule de réfraction sans pouvoir en juger, sans avoir aucun argument clinique éliminant une anomalie sous-jacente et sans respecter son obligation de moyen ».

Pour lire l’intégralité du référentiel de bonnes pratiques, cliquez ici.

*Le CNPO-AFO est composé de la Société française d’ophtalmologie (SFO), du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof), du Collège des ophtalmologistes universitaires de France (Couf) et du Collège des ophtalmologistes des hôpitaux de France (COHF).

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