La profession d’optométriste présente « des risques majeurs de dérives », estime le gouvernement
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Le gouvernement vient de se prononcer sans ambiguïté contre la reconnaissance en France de l’optométrie, en arguant de plusieurs obstacles.
Hier 30 janvier, lors de la session des questions orales de l’Assemblée nationale, la députée Marina Ferrari a abordé le sujet de la santé visuelle, en soulignant que les optométristes, « qui détiennent pourtant un diplôme de niveau master 2 », exercent en cabinet d’ophtalmologie « mais sans reconnaissance de leurs compétences ». L’élue de Savoie a rappelé que cette profession est reconnue dans plusieurs pays européens (Grande-Bretagne, Allemagne, Pays-Bas…) où elle est considérée comme « une profession clé de la filière visuelle ». Mettant en avant les problématiques d’accès à l’ophtalmologiste dans les déserts médicaux, Marina Ferrari plaide pour une reconnaissance des optométristes, « nécessaire pour fluidifier davantage le parcours de soins », et a demandé au gouvernement si celle-ci est envisageable en France.
Conflit prescription-vente
Prisca Thevenot, ministre déléguée chargée du renouveau démocratique et porte-parole du gouvernement, a répondu au nom du ministère de la Santé en rejetant en bloc cette perspective. Comme à l’accoutumée, l’exécutif a rappelé les mesures déjà mises en œuvre pour améliorer l’accès aux soins visuels (augmentation du nombre d’internes en ophtalmologistes, extension des compétences des orthoptistes et des opticiens). Prisca Thevenot a expliqué que des éléments spécifiques à la France empêchaient la reconnaissance de l’optométrie dans notre pays. « Étant donné la manière dont est structurée cette filière, créer une nouvelle profession pourrait conduire le patient à se perdre dans le parcours de soins visuels et complexifierait l’organisation des acteurs sans améliorer significativement la prise en charge des patients », a-t-elle déclaré. La ministre a également mis en avant le conflit entre la prescription et la vente : « L’optométrie constitue une profession hybride de soignant-vendeur, qui présente – potentiellement – des risques majeurs de dérives. » Sur la base de ces arguments, le gouvernement affirme que « la reconnaissance du métier d’optométriste n’est actuellement pas envisagée » par les services du ministère de la Santé « qui travaillent sur les ressources de la filière ».
Une réponse jugée « étonnante et incohérente » par Marina Ferrari, car « les opticiens assistent déjà les ophtalmologistes et sont nombreux à être également optométristes ». « Nous retravaillerons sur cette question », a-t-elle conclu.