Télé-expertise : le collectif Road se désolidarise de L’Opticien Qui Bouge

Publié le 31/08/2023

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L’Opticien Qui Bouge a signé un partenariat avec la société LyleOO pour proposer une solution de télé-expertise permettant d’obtenir une prescription en moins de 48 heures. Pour le collectif Road (Regroupement des opticiens à domicile), cette solution cache « un guichet à ordonnances ».

Le contrat exclusif conclu entre L’Opticien Qui Bouge et LyleOO permet aux opticiens du réseau de bénéficier de la solution de télé-expertise développée par la start-up. Elle se présente comme une prestation sous forme de circuit court. Concrètement, « les professionnels de santé membres de L’Opticien Qui Bouge peuvent désormais déterminer la nouvelle correction visuelle du client et compléter avec lui un questionnaire de santé calqué sur les recommandations du Snof. Ces informations sont enregistrées et transmises pour expertise à un ophtalmologiste partenaire, exerçant en France. Deux options se présenteront : soit ce professionnel médical transmettra de manière sécurisée en moins de 48h une ordonnance permettant au client d’obtenir son équipement optique (lunettes et/ou lentilles), soit il estimera que le client nécessite un rendez-vous en présentiel afin de mener des examens poussés ; une recommandation personnalisée sera alors rédigée », explique la franchise.

Des termes “fourvoyés”

Le collectif Road, dont L’Opticien Qui Bouge est pourtant membre fondateur, goûte peu cette initiative et y voit une « une pratique douteuse aux effets indésirables pour les patients et la profession ». Pour son président Matthieu Gerber, cette solution ne s’appuie sur aucun protocole existant. « La prescription, adressée uniquement sur la base de la réfraction réalisée par l’opticien, ne prend pas en compte l’état général de santé visuelle du patient évalué stricto sensu après la réalisation d’examens complémentaires tels que la mesure de la tension intraoculaire ou l’imagerie du fond d’œil. Le patient, ainsi privé d’un bilan médical complet, est “mis sur la touche” alors même qu’il pourrait présenter les symptômes non diagnostiqués d’une pathologie oculaire, sous-jacents à son défaut visuel nécessitant une prise en charge médicale. » Le dispositif réduit en outre l’opticien « à un simple vendeur de lunettes ». Le Road pointe aussi l’utilisation des termes « télé-expertise » ou « téléconsultation », qu’il estime « fourvoyés » compte tenu que l’opticien n’a pas encore le droit l’intégrer un protocole de télémédecine.

Le collectif continue cependant de défendre et de demander l’ouverture aux opticiens en mobilité de la télé-expertise, au sens strict, « dans le respect des bonnes pratiques et en collaboration étroite » avec tous les acteurs de la filière. Il attend sur ce point une réponse rapide du législateur, sous peine de voir « une expansion des pratiques inadaptées ». Le Road annonce en outre se désolidariser de L’Opticien Qui Bouge, avertissant que sa présence au sein de l’association est remise en cause en l’absence de marche arrière.

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