Le Regroupement des opticiens à domicile (Road) pointe à son tour du doigt les téléconsultations en ophtalmologie
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Après les ophtalmologistes et les orthoptistes, le collectif Road, qui fédère les réseaux d’opticiens en mobilité, prend à son tour position contre les dispositifs de téléconsultation développés par certaines enseignes d’optique.
Le Road reconnaît que la téléconsultation a permis, ces dernières années, « de garantir une certaine égalité dans l’accès aux soins généralistes dans les territoires les plus isolés », mais estime en revanche utopique « d’espérer qu’il en soit de même pour les soins optiques ». L’organisation souligne la « double et légitime inquiétude » déjà formulée par certaines organisations vis-à-vis des initiatives lancées par des réseaux d’optique : « la question du conflit d’intérêt, et celle de la confusion entre ‘accès aux soins’ et ‘qualité des soins’ ». Le collectif abonde dans le même sens, en listant les trois raisons pour lesquelles ce modèle de téléconsultation ne permet pas, selon lui, d’améliorer l’accès à la santé visuelle.
Premièrement, le Road estime que, en fixant l’expertise en un seul lieu, ce système ne répond pas au problème d’accès territorial et reproduit les problèmes de déserts médicaux, en creusant une inégalité entre les zones rurales et urbaines et les personnes qui peuvent ou non se déplacer dans un magasin où se trouve la télécabine. Ensuite, il est inadapté aux personnes âgées, 67 % des plus de 75 ans souffrant d’illectronisme (selon l’Insee) et cette population privilégiant la relation humaine. Enfin, par son côté synchrone, la téléconsultation souffre aussi du manque d’ophtalmologistes disponibles.
« Alors même que l’on compte 8,2 ophtalmologistes pour 100 000 habitants (soit 5 800 professionnels répartis sur l’hexagone), il est illusoire de penser qu’un ophtalmologiste sera davantage disponible de manière synchrone pour se connecter aux bornes de téléconsultation lors de rendez-vous, qui plus est non programmés, alors même que son planning de rendez-vous en cabinet est déjà complet. Pour rappel, 29 % des cabinets libéraux n’acceptent plus de nouveaux patients », argumente Matthieu Gerber, président du Road.