Enquête UFC-Que Choisir : les réponses du secteur
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L’enquête de l’UFC-Que Choisir a suscité de vives réactions parmi les représentants de la profession. Panorama de leurs arguments.
Du côté des syndicats : Interviewé notamment par Sud Radio (dans le cadre d’un débat avec Alain Bazot, président de l’UFC-Que Choisir), iTélé et l’AFP, Alain Gerbel (président de la Fnof, Fédération nationale des opticiens de France) minimise le volume de la fraude, estimé par l’étude à 142 millions d’euros. « Mener une enquête aussi importante sur l’ensemble du territoire pour démontrer in fine qu’il y aurait 2% de fraude, je ne comprends pas pourquoi on fait tout ça. Nulle part on ne parle de la prestation de l’opticien. On parle de produit, mais on ne parle pas de prestation. Si on continue comme ça, on va financer, par l’allègement fiscal de 5 milliards octroyé aux complémentaires santé, un marché asiatique, parce que nous, professionnels, nous serons obligés d’acheter nos produits en Asie. Aujourd’hui, ce sont les complémentaires santé qui sont visées, pas les professionnels de santé », a-t-il déclaré. Le SynOpE (Syndicat des opticiens entrepreneurs) dénonce quant à lui « les idées fausses relayées depuis des mois (voire des années) sur la prétendue flambée des prix en optique, qui ont conduit à une pluie de mesures législatives, dont les dangers pour les porteurs de lunettes ne sont absolument pas appréhendés. » Il rejette le projet de décret relatif aux plafonnements des remboursements « préparé de façon inique et idéologique par le Gouvernement, qui conduira inévitablement à une diminution du pouvoir d’achat des Français, à l’augmentation de la fracture sociale, et nivellera par le bas la qualité des équipements optiques accessibles, tout en sacrifiant une filière d’excellence française. Face aux « idées folles » en cours de déploiement, le SynOpE réclame haut et fort que la concertation tripartite avec l’Uncam et l’Unocam soit enfin ouverte et que le projet de décret se borne à identifier des planchers de remboursement en optique, seule mesure véritablement favorable aux assurés. Il souhaite que le gouvernement s’intéresse enfin aux vrais problèmes que sont la réingénierie du diplôme d’opticien et l’initiation de délégations de tâches. »
Du coté des enseignes : Philippe Peyrard, délégué général d’Atol, est intervenu sur plusieurs médias (Europe 1, France 5, France 2, etc) pour défendre la filière. Il a notamment souligné que les enquêteurs de l’UFC-Que Choisir « semble avoir poussé » les opticiens à la fraude, en rappelant que son enseigne veille scrupuleusement, notamment via la certification ISO 9001, à l’éthique des opticiens. Face à Marc Simoncini, patron du site Sensee, dans l’émission « C à vous », il a également rappelé que « l’étude n’est jamais allée jusqu’à une vente réelle. » Alors que M. Simoncini expliquait que « la fraude est impossible sur Internet » et qu’on « y donne la vérité sur les prix », Philippe Peyrard a répondu que « les Français plébiscitent les opticiens de proximité, qui exercent un métier de transformation. » Il a par ailleurs expliqué que les produits proposés par Sensee sont essentiellement d’origine chinoise, et que le site engrange ainsi 85% de marges.
Jean-Pierre Champion, directeur général de Krys Group, estime quant à lui qu’« il est inacceptable que l’optimisation de facture soit encore pratiquée par certains opticiens », en « invitant l’UFC Que Choisir à nous faire parvenir les dossiers des opticiens pris en défaut. » Il rappelle que Krys Groupe dispose d’un comité déontologique, qui a permis de sanctionner 29 opticiens depuis sa création en 2010. « Il passera en revue chaque cas relevé par l’UFC Que Choisir et, si la faute est avérée, prendra les mesures nécessaires qui peuvent aller jusqu’à l’exclusion de l’adhérent. » Concernant les marges, Jean-Pierre Champion explique également que, sur 100 euros, la rentabilité pour l’opticien est de 3 à 4 euros. Le patron de Krys se dit cependant en phase avec l’UFC quand celle-ci s’oppose au plafonnement des remboursements. Sur les réseaux de soins, il regrette enfin que la loi Le Roux « empêche l’opticien d’adhérer librement à tel ou tel réseau même s’il se conforme scrupuleusement aux conditions dudit réseau. Il est effet le seul professionnel de santé à qui les réseaux fermés ont été réservés. Or, l’ouverture des réseaux de soins garantit la transparence dans la sélection des candidats opticiens et offre davantage de choix et de proximité aux Français. (…) Krys Group réaffirme qu’instrumentaliser les réseaux de soin pour réduire le nombre d’opticiens traduit le désengagement de l’Etat à traiter une problématique de santé publique. Si le législateur veut vraiment s’attaquer à l’accessibilité des soins, tant géographique qu’économique, il est nécessaire d’inscrire le diplôme d’optique dans un schéma licence en 3 ans.