Télé-ophtalmologie en magasin : le Snof détaille ses griefs contre Sym Optic et Afflelou
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A l’occasion de la conférence de presse de présentation du 129ème Congrès de la SFO (Société française d’ophtalmologie), le Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France) est récemment revenu sur les solutions de téléconsultation d’ophtalmologie récemment implantées dans des structures commerciales.
Sym Optic développe son activité en France à travers deux partenariats : l’un avec Monoprix, l’autre avec Intermarché. L’entreprise installe, dans les points de vente de ces réseaux, des espaces optiques intégrant des cabines de téléconsultation d’ophtalmologie permettant l’éventuelle délivrance d’une prescription de lunettes. Pour le Snof, ce modèle soulève diverses questions : « ce sont des opticiens qui réalisent les examens pour lesquels ils ne sont pas habilités, de plus en dehors d’un magasin d’optique, ce qui n’est pas autorisé aujourd’hui ; ces opticiens transmettent ensuite le dossier numérique à l’ophtalmologiste en ne respectant pas les conditions de la téléconsultation à savoir l’échange direct entre le patient et le médecin ; Sym Optic est propriétaire des points de téléconsultation et de vente qui se trouvent côte à côte créant ainsi un cumul prescription/vente contraire à la déontologie ; des centaines de supermarchés, voire de magasins de bricolage, seraient concernés dès fin 2023 et offriraient des ‘diagnostics ophtalmologiques gratuits’ ce qui est doublement antinomique avec la déontologie médicale (interdisant la médecine pratiquée comme un commerce) et la nomenclature médicale (des actes prévus à la nomenclature ne peuvent être gratuits). »
« L’objectif est de vendre davantage d’équipements optiques »
Concernant le modèle d’Alain Afflelou, le Snof souligne que les ophtalmologistes salariés par la plateforme (Medadom) « ne proposent pas de prise en charge pathologique, ne connaissent pas les patients et sont hors parcours de soins. Ils prescrivent uniquement des ordonnances pour des lunettes qui seront principalement vendues dans le magasin opérant la téléconsultation. Alors même que les ordonnances pour les lunettes sont renouvelables et ce, dans un délai de 3 ans ». Pour le syndicat, ce dispositif présente un risque de surconsommation d’équipements optiques, de concurrence déloyale pour les enseignes non équipées de ces postes de téléconsultation (ayant pour conséquence à terme une généralisation de ce modèle), de compérage pour les médecins salariés et de désincitation des patients à réaliser régulièrement un suivi présentiel avec un ophtalmologiste.
Pour Thierry Bour, président du Snof, les dérives sont inévitables, « d’autant que ce matériel n’est déjà plus seulement installé dans des magasins en zone sous-dotée », explique-t-il en citant le dispositif installé dans le magasin Alain Afflelou des Champs-Elysées à Paris. L’organisation sensibilise les pouvoirs publics, qui ne doivent selon elle « soutenir que les offres de télémédecine les plus efficientes pour les patients et la santé publique, offrant une véritable prise en charge médicale globale ». En parallèle, elle formule ses propositions pour améliorer l’accès à la santé visuelle, comme le développement de sites secondaires ou des protocoles de délégation de tâches aux orthoptistes.