La ministre de la Santé vante l’offre 100 % santé mais reconnaît “un trou dans la raquette”
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Le 8 janvier, la ministre Agnès Buzyn s’est rendue dans un point de vente optique et un centre auditif Ecouter Voir du 2ème arrondissement de Paris pour rappeler les tenants et les aboutissants de la réforme du Rac 0, en vigueur dans notre secteur depuis le 1er janvier.
Se montrant enthousiasmée par la mise en avant des montures de la classe A dans le magasin, la ministre a d’abord estimé que les porteurs « vont être heureusement surpris par la qualité proposée ». Elle a échangé avec Jean-Claude Rodrigues, l’opticien responsable du magasin mutualiste, qui lui a fait part de l’importance du coût des verres très spécifiques prescrits à certains patients et non pris en compte dans la réforme 100 % santé. « J’ai été alertée par un couple qui était dans ce cas et avait un reste à charge énorme : on a là un trou dans la raquette », a reconnu Agnès Buzyn. Albert Lautman, directeur général de la Fédération de la mutualité française, a de son côté insisté sur le fait que le réseau mutualiste présente « une spécificité dans la prise en charge de la basse vision » et, en ce qui concerne le panier A, propose « un jeu de montures plus large » que ce qu’impose l’arrêté. La ministre s’est vue également présenter le nouveau modèle de devis normalisé, qu’elle a jugé « très clair », avec la mise en lumière du panier A et la mention de la possibilité d’opter pour un équipement panaché.
« Le tiers payant progresse »
S’exprimant devant quelques dizaines de journalistes, le membre du gouvernement a invité les Français à « s’emparer de cette réforme » et se rendre chez les opticiens, audioprothésistes et dentistes, en dépassant leur réticence à porter une aide auditive ou leur peur du dentiste. Elle s’est montrée rassurante : « l’offre 100 % santé est une offre de très grande qualité équivalente à celle hors 100 % santé, avec des verres traités antireflets, anti-rayures… », a-t-elle déclaré devant le facing dédié aux montures de classe A. Interpellée sur la question du tiers payant sur les paniers Rac 0, Agnès Buzyn a admis qu’aujourd’hui, celui-ci n’était pas automatique et dépendait de la complémentaire santé du client. Elle a cependant assuré que « le tiers payant progresse dans les trois secteurs », que le comité de suivi vérifie « qu’il est de plus en plus pratiqué » et a rappelé qu’il est systématique pour les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire.
Trois ventes 100 % santé en une semaine
« En optique comme en audio, le réseau mutualiste a toujours cherché à favoriser l’accès aux équipements, a expliqué de son côté Véronique Bazillaud, directrice des affaires publiques de l’enseigne Ecouter Voir. On a joué le jeu en proposant des montures que nous avons fait faire spécialement. » Cette gamme est présente en magasin depuis le 2 janvier. « Quelques clients se sont déjà montrés intéressés mais il est trop tôt pour savoir quelle proportion se tournera vers cette offre », a indiqué Jean-Claude Rodrigues, en précisant que trois d’entre eux avaient pour l’heure concrétisé leur achat. A cette occasion, Véronique Bazillaud a rappelé que « les études menées pendant les négociations avant la réforme montraient que, pour certaines personnes, 50 ou même 20 euros de reste à charge étaient un problème : ce sont ces personnes qui vont être les plus intéressées par l’offre 100 % santé ». Interrogée sur les moyens de vérifier que la précédente prise en charge d’un équipement optique datait de plus de 2 ans, elle a expliqué que, si « le régime obligatoire donnera une indication », ce seront les Ocam qui seront surtout interrogées sur ce point.