Réfraction en Ehpad : quelle rémunération pour l’opticien ? Quels garde-fous ?

Publié le 21/11/2025

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Alors que l’expérimentation autorisant les opticiens à réaliser des réfractions en Ehpad et à adapter les prescriptions dans le cadre d’un renouvellement doit s’achever le 31 décembre prochain, le Congrès de la Fnof a réuni les représentants des professionnels de la vision autour de ce sujet. Si la pertinence de ces interventions ne fait plus débat sur le principe, plusieurs modalités restent à préciser en perspective de leur éventuelle généralisation, notamment celles de la rémunération. 

Au Congrès de la Fnof, son président Hugues Verdier-Davioud et ses homologues côtés orthoptistes et ophtalmologistes – Mélanie Ordines pour le SNAO et Vincent Dedes pour le Snof -, ont évoqué les problématiques fréquemment relevées sur le parcours de soins visuels en Ehpad : déplacements souvent coûteux, temps d’installation compliqué, difficultés à communiquer avec la famille du résident, à pouvoir disposer d’un local dédié, ou encore à effectuer le SAV. Les ophtalmologistes regrettent également un manque d’évaluation des pouvoirs publics et de retour des médecins coordinateurs des Ehpad, ainsi que la complexité d’obtention d’une ordonnance valide, faute de suivi récent et d’appétence des prescripteurs pour les déplacements dans ces établissements.

Pourtant, les besoins sont là. Afin d’y répondre, la Fnof propose de travailler avec les orthoptistes, « même si la coordination des emplois du temps de chacun complexifie le travail en binôme », déclare Hugues Verdier-Davioud. Le Snao, qui « ne croit pas que l’opticien puisse tout faire tout seul en Ehpad », met en avant le protocole Doré, mis en place fin 2022 en Normandie, qui permet à un.e orthoptiste de réaliser la mesure de l’acuité visuelle des résidents d’Ehpad, au sein même de l’institution. Ces examens sont ensuite analysés via télémédecine par un ophtalmologiste. Cet acte est coté 20,03 euros pour l’orthoptiste intervenant.e, auxquels s’ajoutent 2,5 euros de coût de déplacement. Mélanie Ordines suggère de dupliquer ce mode de rémunération pour l’opticien qui fait des réfractions dans ces établissements, car « ça légitimerait le fait qu’il ne soit pas venu pour rien, s’il ne vend pas de lunettes ».

Obligation de magasin physique et territorialité

La Fnof demande aux pouvoirs publics la création de deux actes : un pour le déplacement dans la résidence quel que soit le nombre de patients vus, et un autre pour l’examen de vue de chaque patient. « Pour le montant, ça va être la bagarre », prévient son président, en espérant un niveau au moins équivalent à celui des orthoptistes. Pour Hugues Verdier-Davioud, « il est évident que l’opticien qui se déplace soit aussi celui qui fait la vente ». Il réclame cependant que seuls ceux qui ont un magasin physique de proximité soient habilités à le faire, notamment pour réagir rapidement en cas de SAV. Le Snof soutient cette position : « il ne s’agit pas de tuer la mobilité mais de mettre de l’éthique dans la mobilité. Il y a des abus de faiblesse, des frais cachés avec un accès au service parfois facturé 50 ou 100 euros. La solution est effectivement de rendre obligatoire le magasin physique sur le même territoire. Et je ne suis pas certain que quand les choses seront bien cadrées, il y aura tant d’opticiens volontaires que ça », affirme Vincent Dedes, en promettant d’inviter ses confrères à se mobiliser dans le cadre des bilans pré-Ehpad, établis avant le placement en institution, de manière à ce que les personnes âgées dépendantes puissent disposer d’une ordonnance valide, éventuellement prolongée, au moment du renouvellement de leur équipement.

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d’Opticien Lunetier

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