100 % santé : des primes pour les opticiens qui délivreraient davantage d’équipements du panier A ?

Publié le 17/04/2023

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Le comité de suivi du 100 % santé se réunira demain 18 avril. Dans une interview accordée à nos confrères de L’Argus de l’Assurance, Laurent Borella, directeur général de Kalixia, évoque les pistes d’évolution de la réforme envisagées par le gouvernement, qui souhaite augmenter la part du panier A dans les ventes. En parallèle, l’APFS (Association des plateformes de santé, qui réunit les 5 réseaux de soins), s’oppose dans un communiqué à l’extension du 100 % santé en optique.

Dans la suite de la publication de son étude sur l’impact du 100 %, qui tend à montrer l’inadaptation du dispositif aux besoins des Français, Kalixia enfonce le clou par une prise de parole de son DG dans L’Argus de l’Assurance. Laurent Borella y rappelle que la réforme est très coûteuse pour les Ocam de par son succès en audio et en dentaire, et qu’étendre son périmètre serait « hasardeux ». Il évoque les pistes d’évolution explorées par la DSS (Direction de la Sécurité sociale) qui « continue de penser qu’il faut augmenter le 100 % santé en optique ». Le gouvernement souhaiterait « mettre en place des contrôles pour les opticiens avec un système de primes pour les professionnels qui délivreraient plus de 100 % santé », explique le DG de Kalixia, en estimant que « cette piste est à côté des pratiques de délivrance en optique ». Les pouvoirs publics envisagent en outre d’inclure les verres de freination de la myopie dans le panier A : « nous n’y sommes pas favorables car cela conduirait à rendre le positionnement du 100 % santé totalement illisible. Cette mesure doit rester positionnée sur l’accès aux soins, et non l’accès aux innovations les plus récentes. Il n’est donc pas cohérent de vouloir intégrer les verres les plus coûteux à ce dispositif. Cette mesure pourrait avoir des effets pervers avec un risque de prescription systématique de ces verres aux enfants qui conduirait à une inflation de la dépense, voire à une surconsommation d’équipements inutiles », estime Laurent Borella.

Un RAC 0 déjà largement possible sans la réforme

Ces arguments sont repris dans un communiqué publié aujourd’hui par l’APFS. L’association explique que l’approche du ministère de la Santé « repose sur des présupposés erronés : les opticiens ne joueraient pas le jeu ou les équipements proposés dans cette catégorie ne seraient pas assez innovants pour être attractifs ». Elle réfute cette analyse, en réaffirmant que le faible taux de panier A est dû au fait que la réforme « ne correspond pas à un réel besoin des populations », les réseaux de soins permettant aux porteurs d’accéder à des équipements sans reste à charge. L’argument est étayé par des chiffres : sur les 12,4 millions de personnes ayant accès à un réseau et qui renouvellent leur équipement chaque année, les deux tiers l’achèteront dans un de ces réseaux ; 5 % choisiront les verres du panier A, 50 % choisiront des verres du panier B sans reste à charge et 45 % opteront pour des verres du panier B avec un reste à charge « souvent faible compte tenu de la négociation tarifaire apportée par les réseaux ».

L’APFS en conclut que l’accès des Français à des verres intégralement remboursés est déjà largement assuré. « Il nous semblerait donc important et plus approprié de partir de cette réalité pour pleinement reconnaître la complémentarité des Ocam et des plateformes de santé avec le régime obligatoire, afin de laisser agir les acteurs les mieux placés là où ils contribuent déjà de manière très efficace à l’accès à des soins de qualité sans reste à charge. Si les cartes de cette complémentarité devaient être rebattues, cela pourrait être à l’origine d’une dégradation de toute la filière, étouffant toute capacité d’innovation et prenant le risque de réduire la qualité des soins », conclut le communiqué.

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