L’Académie nationale de médecine préconise le port de lunettes anti lumière bleue
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L’Académie nationale de médecine a publié hier, 8 février 2023, un communiqué pour mettre en garde les parents des effets de la lumière des écrans sur l’œil et le cerveau des adolescents. Parmi les préconisations de l’Académie : le port de lunettes.
Si les écrans ne sont pas incriminés directement, c’est leur utilisation abusive qui pose problème : « Par de mauvais usages, la bienfaisante lumière peut se révéler une redoutable pollueuse. L’œil et le cerveau des enfants et des adolescents en sont alors victimes. »
Au niveau de l’œil, les médecins rappellent que « l’exposition aux diodes électroluminescentes (LEDs), qui sont, en candela par mètre carré, mille fois plus lumineuses que les lampes à incandescence, est source d’éblouissement et peut s’avérer photo-toxique pour la rétine. Alors que la lumière solaire et les anciennes sources d’éclairage artificiel ont une énergie homogène dans la bande du spectre visible, les LEDs disponibles actuellement émettent un pic d’émission de lumière bleue, proche du rayonnement ultra-violet, dont les effets délétères sur la rétine sont connus ». D’autres zones du système visuel sont également concernées : « L’exposition chronique aux LEDs induit des lésions cellulaires d’ordre photo-chimique particulièrement néfastes pour la rétine maculaire située au centre de la rétine et assurant la vision fine, la lecture, l’écriture et la vision colorée. La photo-protection par des verres anti-UV et anti-lumière bleue est cruciale, surtout pour les enfants et adolescents dont le cristallin est très translucide. » Pour accroître le phénomène, de nombreux jeunes utilisent également les écrans la nuit, or cela « inhibe la régénération physiologique nocturne des photo-pigments rétiniens contenus dans les photo-récepteurs. Ces pigments sont consommés le jour pour initier le phénomène de la vision, et régénérés la nuit dans une l’obscurité qui doit être totale ».
Au niveau du cerveau, c’est le processus cyclique de 24 heures de l’horloge interne qui peut être perturbé par l’exposition aux écrans. « Lors d’expositions chroniques à la lumière durant la nuit, y compris d’écrans (smartphones, tablettes, ordinateurs), des troubles du rythme veille-sommeil apparaissent en lien avec une désynchronisation de l’horloge interne. » Selon les estimations 30 % des adolescents communiquent en ligne jusque tard le soir. « Chez ces adolescents, en résulte un sommeil tardif, lié à une augmentation de la vigilance générée par un retard de phase de l’horloge et à une inhibition de la sécrétion de mélatonine, impliquée dans l’endormissement », expliquent les médecins. En France, pas moins de 26 % des collégiens et 43 % des lycéens présentent une dette de sommeil. Ils ressentent logiquement une fatigue dès le lever, qui s’exprime tout au long de la journée par des difficultés d’attention et d’apprentissage pouvant déboucher sur de mauvais résultats scolaires.
Ces dérèglements de l’horloge interne peuvent également avoir des répercussions sur leur santé mentale (stress, anxiété, etc.) ou la courbe de leur poids (surpoids, obésité).
Quelles sont les recommandations de l’Académie ?
Face à la surexposition des jeunes aux écrans, notamment la nuit, l’Académie de médecine recommande 5 points très clairs :
« – promouvoir l’utilisation de lunettes protectrices contre la lumière bleue, en cas d’exposition prolongée aux écrans ;
– restreindre, voire proscrire, l’usage des écrans durant la nuit ;
– veiller à la régularité des horaires de coucher et de lever des enfants et adolescents pour éviter une désynchronisation de l’horloge interne ;
– introduire, dans le cursus scolaire, une sensibilisation des élèves sur les risques liés aux écrans et sur l’importance du sommeil ;
– sensibiliser les parents aux risques liés à l’usage abusif des écrans ; la baisse des performances scolaires et le repli sur soi de leurs enfants étant deux signaux d’alerte essentiels auxquels ils doivent être attentifs. »