Accès direct aux paramédicaux : les associations de patients s’agacent de “l’obstruction” des médecins
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La semaine dernière, France Assos Santé, qui rassemble les associations de patients et représente leurs droits auprès des pouvoirs publics, a publié un communiqué dénonçant la posture des syndicats de médecins face aux avancées proposées par les pouvoirs publics pour améliorer l’accès aux soins.
France Assos Santé regrette l’opposition des représentants des médecins à des mesures étudiées dans le cadre du PLFSS et des négociations de la convention médicale : la régulation des installations, l’accès direct aux paramédicaux (déjà possible pour les orthoptistes et susceptible de concerner à terme les opticiens), ou encore la primo-prescription par les infirmier-e-s en pratique avancée (IPA) dans le cadre d’un exercice coordonné. Pour l’organisation, il s’agit d’une « attitude d’obstruction corporatiste » reposant sur des « arguments fallacieux ». Elle cite notamment une étude menée par l’institut Cochrane qui tend à « démontrer que la qualité des soins de santé primaire est aussi bonne, voire meilleure quand ils sont dispensés par des infirmiers plutôt que par des médecins, et que la satisfaction des patients est plus grande ». France Assos Santé estime que l’accès aux soins est « pris en otage par des syndicats de praticiens dans ces négociations conventionnelles à peine commencées et déjà quittées ». Les représentants des patients exhortent ainsi les syndicats « à faire preuve de responsabilité dans les débats sur le PLFSS et les négociations conventionnelles » car « il est urgent de mettre en place des solutions organisationnelles, appuyées sur des structures d’exercice coordonné et favorisant le transfert de compétences, pour que les usagers aient accès à une équipe traitante ».
Les syndicats de médecins rejettent les accusations
La CSMF (Confédération des syndicats médicaux français) n’a pas tardé à répondre à ces attaques en dénonçant une « prise de position mensongère ». Elle explique que, si elle est opposée aux mesures coercitives concernant les installations, c’est qu’elles « ne fonctionnent pas comme l’ont montré les expérimentations étrangères ». Concernant l’accès direct aux paramédicaux, l’organisation estime que « si certaines tâches peuvent être partagées, cela doit se faire dans le cadre d’un parcours de soins dont le chef d’orchestre est le médecin traitant. Il en va de la qualité et de la pertinence de la prise en charge. Tout faire pour favoriser l’accès aux soins de nos concitoyens est une évidence. S’orienter vers une médecine à deux vitesses serait une faute ». Enfin, la CSMF affirme réclamer un plus grand nombre d’IPA dans le cadre des décrets actuels qui réglementent cet exercice. Elle propose ainsi à France Assos Santé de collaborer pour imaginer ensemble les mesures pour améliorer l’accès aux soins. Plus virulente, l’UFML (Union française pour une médecine libre) déclare quant à elle que « la médecine est affaire de médecin » et qu’il est « extrêmement curieux de mettre en avant, comme solution immédiate, un élargissement de l’offre de soins par des IPA dont le nombre est à peine de 1 200 soit 100 fois moins que les médecins libéraux ! En plus de ne pas connaître ses dossiers, France Assos Santé semble n’être que peu doué pour les calculs démographiques… ». Elle affirme que l’accès aux soins est la première préoccupation des syndicats de médecins et que c’est pour l’améliorer qu’ils réclament une hausse des tarifs de consultation, notamment pour permettre l’emploi de secrétaires et d’assistants médicaux.