Téléconsultations chez les opticiens : le Snof juge le service « inadéquat et inutile »
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Comme nous vous l’indiquions dans notre news du 24 octobre, le réseau Alain Afflelou est en train de déployer dans ses points de vente un service de téléconsultations avec des ophtalmologistes.
Sans grande surprise, le Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France) se montre plus que réticent en alertant sur « l’incongruité et la dangerosité de mettre en place dans des structures commerciales de véritables postes d’examen avec du matériel médical ».
Pour son président, Thierry Bour, cette méfiance est due à « l’expérience actuelle de centres de santé ophtalmologistes déviants dirigés par des gérants sans connaissance médicale ». Pour lui, ce nouveau service proposé dans certains magasins Afflelou ne « contribue en rien à l’accès aux soins, la demande en équipements optiques est déjà satisfaite sur l’ensemble du territoire : 20 millions de paires de lunettes sont ainsi délivrées chaque année grâce notamment au renouvellement de l’ordonnance qui a déjà fait ses preuves ».
Dans les déserts médicaux, selon Thierry Bour, « les besoins sont avant tout médicaux et la plupart des prises en charge (glaucome, DMLA, cataracte, diabète…) nécessitent une consultation en présentiel et le respect du parcours de soins. […] Dans l’offre de téléconsultation chez l’opticien, il s’agit très majoritairement d’ophtalmologistes lointains et inconnus du patient, salariés d’une plateforme, sans suivi. »
Concernant le fait que ce service soit présenté comme sans obligation d’achats, Thierry Bour met en parallèle « la communication du dirigeant de l’enseigne [qui] appuie fortement sur l’intégration de cette offre de téléconsultation dans le magasin. L’objectif est donc bien de développer le chiffre d’affaires de l’enseigne et d’inciter le client à consommer des équipements optiques, remboursés par ailleurs par l’Assurance Maladie et les complémentaires santé. L’ophtalmologiste qui intervient lors du processus devient de fait un fournisseur d’ordonnances optiques sur incitation de l’opticien auprès de ses clients. Il intervient ainsi dans l’équilibre économique du magasin d’optique et crée une situation de concurrence déloyale vis-à-vis des magasins aux alentours, outre le fait qu’il se trouve en situation de compérage. Dans l’organisation annoncée, le médecin n’est pas en situation de proposer ou de décider de la téléconsultation. »
En conclusion, le Snof demande « à la représentation nationale actuellement réunie pour l’examen du PLFSS de mieux encadrer les pratiques de téléconsultation (article 28) et d’interdire les offres à vocation commerciale ».