Fixation d’un quota aux opticiens pour le 100 % santé : le PDG d’Atol dénonce une mesure « liberticide »
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Dans une tribune, Eric Plat, PDG d’Atol, déclare que le gouvernement envisage d’imposer un quota aux opticiens pour développer la part du panier A. Il dénonce sévèrement ce projet et pointe du doigt la réforme qui « s’avère à l’usage très préoccupante ».
Pour Eric Plat, le 100 % santé « a pour effet mécanique de créer une standardisation des prix qui génère la déflation et fragilise les opticiens positionnés en moyen et haut de gamme et contraints de revoir toutes leurs offres pour répondre aux critères RAC zéro ». Il regrette que cette réforme invite les professionnels à se fournir en Asie, pénalisant de fait la production française et aggravant le bilan carbone de notre secteur. « Ne pas soutenir la filière optique française, c’est la priver de sa capacité d’investissements nécessaires à l’innovation, c’est renoncer aux recherches scientifiques sur les verres ou les lunettes électroniques qui aident les dyslexiques à la lecture et s’interdire des avancées technologiques comme la « freination » de la myopie. Voilà de vraies questions de santé publique ! C’est le bien-être visuel des consommateurs qui est menacé. L’innovation a un prix et certainement pas celui du 100 % santé », s’insurge-t-il.
Projet de quota : « Comment l’opticien choisira les clients qui devront prendre un équipement 100 % santé ? »
Le PDG d’Atol évoque en outre la possibilité que les pouvoirs publics, face au faible taux de recours au panier A, fixent un quota aux opticiens pour imposer le 100 % santé à 20 % des Français (en plus des 6 % de CMU). Il s’insurge contre cette éventuelle mesure : « Imaginez-vous dans un supermarché vous voir refuser l’accès à certains linéaires parce qu’un décret imposerait qu’un quart de la population doit désormais s’alimenter en produits discount ? Au nom de quoi l’Etat français peut-il priver certains consommateurs d’acheter des produits de bien-être visuel et des options de confort ? Pas au nom du remboursement de l’Assurance maladie, ni de la santé, après un an de confinements qui n’ont fait qu’accroître les besoins visuels à cause des écrans. Et puis comment l’opticien va-t-il s’y prendre pour choisir les clients qui devront prendre cet équipement ? A ceux qui pensent maintenant que cette réforme se préoccupe avant tout de la santé visuelle des plus fragiles, il faut rappeler qu’au contraire, elle manque sa cible en excluant 3,5 millions de Français sans complémentaire santé qui n’y ont pas droit ! Les opticiens et les industriels proposaient déjà des produits accessibles et en expliquaient le bénéfice et le coût à une population pas toujours disposée à accepter que les tarifs des mutuelles augmentent quand les remboursements hors 100% santé baissent ! ».
Privation de droits pour les porteurs
Pour Eric Plat, dire que la réforme n’a pas atteint son objectif dans l’optique puisqu’elle concerne environ 2,3 millions de personnes déjà et en concernera à ce rythme plus de 6 millions dans 3 ans (délai moyen de renouvellement des lunettes), est un « non-sens ». Il estime qu’au contraire, le 100 % santé a trouvé son public, puisque « 18 % du volume d’équipements complets est déjà atteint en mixant 14 % de verres du panier A et 12 % de montures du panier B ». Et ce, malgré les chaos de l’année 2020 et la baisse du nombre de prescriptions, évaluée à 2,5 millions d’ordonnances en moins. « Notre filière optique est innovante. Elle peut retrouver la compétitivité et la croissance à condition qu’elle ne soit pas contrainte de se tourner vers le low-cost. Pas en phase avec son époque, ce décret pose surtout en creux la question de la privation des droits pour le consommateur », conclut-il.