Gifo : « La réforme proposée par le ministère relève de la cosmétique et prend en otage la santé visuelle des Français »

Publié le 26/04/2018

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Le Gifo, qui rencontre également la Direction de Sécurité sociale, dans le cadre du projet RAC 0 note « certaines avancées de bon sens » mais montre une inquiétude certaine alors que « la santé visuelle des Français est utilisée comme variable d’ajustement pour mener une réforme strictement budgétaire ».

 

Parmi les avancées, le Gifo « se félicite que le ministère ait renoncé à porter à 3 ans le remboursement des lunettes par les assurances maladie obligatoire (AMO) et complémentaires, ce qui aurait impacté près de 50 % des porteurs. Il sera désormais de 2 ans. Notons que cela reste un recul par rapport à la situation actuelle, car la prise en charge par l’AMO est aujourd’hui annuelle. La DSS a également convenu de séparer la nomenclature du panier RAC0 (dit “optique essentiel de classe A”) de celle du marché “libre” (dit “de classe B”) ».

La liste des regrets est, elle, plus longue. Les fabricants regrettent ainsi « que la promesse de campagne du Président, celle de « lunettes gratuites de qualité », se solde par une « négociation » qui néglige la santé visuelle des Français ».

Le Groupement des industriels et fabricants de l’optique critique le « caractère précipité de la démarche RAC0 telle qu’elle est menée par la DSS, sans expertise interne. Cela conduit à des incohérences et continue de porter des risques sanitaires avec, notamment :

– des critères de changement de la vue particulièrement drastiques (0.5 D), ce qui revient à dire qu’il est suffisant d’avoir une acuité de 6/10ème pour “bien voir” !

– l’obligation pour les enfants nécessitant une forte correction de choisir entre un équipement incassable (avec reste à charge) et un équipement sans reste à charge (mais fragile) !

– l’impossibilité pour les simples presbytes d’avoir des verres progressifs, les obligeant à jongler avec leur paire de lunettes loupes ! »

 

Outre les risques sanitaires, le Gifo prévoit également « des conséquences économiques contraires aux intentions affichées, en alourdissant le reste à charge des Français :

– En imposant des matériaux avec des indices élevés au sein du panier RAC0, la nomenclature du panier à RAC 0 va créer un « standard » de qualité purement cosmétique. En imposant cette « norme », c’est le reste à charge de ceux qui ne choisiront pas le panier à RAC 0 qui sera mécaniquement augmenté.

– Les plus fragiles ne trouveront pas de solution optique dans le panier RAC0 du fait de la faible valorisation des verres de très forte puissance.

– En excluant les verres photochromiques de toute prise en charge, les porteurs devront acheter deux équipements au lieu d’un.

– En n’acceptant pas le palier de 0.25 D recommandé par le GIFO, c’est-à-dire en considérant qu’une perte de 4/10ème d’acuité ne justifie pas un renouvellement, la DSS crée les conditions d’une médecine à deux vitesses, obligeant les moins aisés à attendre 2 ans pour retrouver 10/10ème alors que les plus aisés n’attendront pas autant pour retrouver une bonne vue. »

 

Le Gifo y voit donc avec inquiétude une « étatisation forcée du marché dit « libre ». Rappelant les impacts de la mise en œuvre des plafonds de remboursement dans le cadre des contrats responsables et solidaires sur l’accès aux innovations, aux produits de qualité, à la création et fabrication françaises, les fabricants de verres et de montures ont alerté à nouveau sur les dangers de cette ingérence dans la relation contractuelle entre les acteurs économiques et dans la liberté de choix des patients. »

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