Rapport Astarès : « la prise en charge des frais d’optique ne relève pas du métier de l’assurance »

Publié le 02/11/2015

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En perspective des Etats généraux de la santé visuelle, qui se dérouleront le 15 décembre à l’initiative de la Mutualité française, celle-ci a commandé une étude sectorielle au cabinet d’études Asterès. Ce document souligne entre autres que « la consommation de lunettes ne relève donc pas d’un risque mais de certitudes » et pose donc la question du rôle des Ocam en la matière.

 

Asterès rappelle que les trois quarts des Français déclarent présenter un trouble de la vue, que cette proportion s’élève à 97% chez les plus de 65 ans et qu’en moyenne, un porteur de lunettes renouvelle son équipement tous les trois ans. Ainsi, « pour une personne disposant de lunettes, les dépenses d’optique sont donc régulières et à peu près connues. La consommation de lunettes ne relève donc pas d’un risque mais de certitudes, hormis pour les Français de moins de 40 ans qui n’en portent pas encore et qui, eux, ne savent pas s’ils en porteront prochainement », indique l’étude. Dans ce contexte, elle estime que « la prise en charge partielle ou totale des frais d’optique ne relève donc pas du métier de l’assurance qui, fondamentalement, consiste à couvrir des sinistres dont l’occurrence pour un individu est aléatoire. »

 

« Les assurés manquent de rationalité »

Pour Asterès, la couverture assurantielle des frais d’optique n’est possible qu’en raison d’une rationalité limitée des assurés. « Un porteur de lunettes parfaitement rationnel comprendrait en effet que ses dépenses d’optique sont inclues dans sa prime d’assurance avec une pondération proche de 1 (le renouvellement de lunettes est un évènement certain et déclenché par la volonté des assurés). Or l’assureur doit s’acquitter de taxes sur la prime perçue et couvrir ses frais de gestion. La prime effectivement payée au titre des frais d’optique excède donc logiquement le montant de ces coûts. » Le cabinet d’études distingue donc les deux stratégies qui s’offrent aux porteurs de lunettes « pleinement informés et rationnels » : refuser la couverture des frais d’optique pour épargner eux-mêmes en anticipation de ces dépenses, ou l’accepter en accélérer le rythme de renouvellement de leur équipement. « En renouvelant non plus tous les trois ans en moyenne mais tous les ans, ils ‘rentabilisent’ leur prime d’assurance liée à l’optique. Les individus ont-ils intérêt à un tel rythme de renouvellement sachant qu’il ne se justifie pas médicalement ? La réponse est oui car, plus que de simples dispositifs paramédicaux, les lunettes sont devenues des objets de mode. Ces deux stratégies sont évidemment défavorables aux assureurs. La première se traduit par un manque à gagner ; la seconde par une perte financière nette. La certitude ne s’assure donc pas… sauf si les assurés manquent de rationalité », souligne le rapport.

 

« Payeurs régulateurs »

En raison de leur participation importante au financement des soins visuels, les Ocam sont, selon Asterès, « légitimes pour endosser un rôle déterminant de régulation des dépenses. » Leur rôle pourrait évoluer de celui de « payeurs aveugles » à faible valeur ajoutée à celui de « payeurs régulateurs » à forte valeur ajoutée. « Les mutuelles ont d’ores et déjà pu s’affirmer dans la régulation des dépenses d’optique en constituant des réseaux conventionnés d’opticiens (…). Ce système a vraisemblablement contribué à la modération des dépenses d’optique. Sur la première moitié des années 2000, l’indice des prix des optiques médicales a progressé au même rythme que l’indique des prix à la consommation (IPC), soit environ +2% par an. L’augmentation des tarifs d’optique a ensuite ralenti, de 2006 à 2009, avant de se stabiliser. Cette stabilisation concorde avec la montée en puissance des réseaux de soins conventionnés », indique l’étude.

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