Optométrie : suite au rapport Ferrand, les ophtalmologistes demandent une audience à Matignon

Publié le 06/11/2014

Partager :

Alors que le ministère de la Santé lui avait assuré que la reconnaissance des optométristes était exclue des solutions étudiées pour réduire les délais de rendez-vous, le Snof (Syndicat national des ophtalmologistes de France) se montre « perplexe » face aux « conclusions controversées » du rapport du député Richard Ferrand, commandé par le ministère de l’Economie, qui préconise à l’inverse de leur confier la prescription de verres correcteurs.

« Le rapport Ferrand sur les professions réglementées contredit les garanties apportées le mois dernier par le gouvernement concernant l’avenir du système de soins oculaires. Le sujet devait être traité au travers du plan de filière de Marisol Touraine, ministre de la Santé, privilégiant les coopérations entre ophtalmologistes et orthoptistes. Commandé par Matignon seulement 4 jours après l’arbitrage en faveur du ministère de la Santé, lequel a encore été réaffirmé le 10 octobre par le cabinet Macron à des représentants des ophtalmologistes, le rapport Ferrand entretient l’amalgame entre consommation et santé publique. Préoccupé, le Snof demande à être reçu d’urgence par le Premier Ministre Manuel Valls, afin que ce dernier clarifie la position du gouvernement », explique le syndicat dans un communiqué.

Le Snof remercie « Richard Ferrand de rappeler, dans son rapport, les deux écueils majeurs de l’optométrie : la confusion entre prescription et vente d’une part, et l’absence de formation médicale d’autre part. » « Dans ces conditions, comment peut-on envisager un seul instant que l’optométrie puisse représenter une solution à l’urgence sanitaire ? », s’interroge Dr Jean-Bernard Rottier, son président. « Si l’on veut confier un rôle aux optométristes, il faudra au moins 3 ans pour refondre leur cursus et attendre que les nouveaux diplômés sortent de l’école. Ensuite il faudra encore 2 ans pour établir des protocoles de délégation supervisés par la HAS et mener les expérimentations de terrain. Cela suppose que les « nouveaux optométristes » ne pourraient être opérationnels qu’au plus tôt en 2020 », indique le Dr. Rottier. « On voit mal comment ces professionnels de santé en devenir pourraient répondre à l’urgence actuelle. D’autant que les écoles d’orthoptie sont déjà à l’œuvre, avec une capacité de formation qui est passée ces dernières années à 300 orthoptistes par an, un chiffre largement suffisant pour répondre aux besoins de délégation de la filière. Pourquoi promouvoir la création conflictuelle d’une nouvelle profession, alors qu’une solution consensuelle et éprouvée existe déjà ? » s’interroge le Dr. Rottier.

L’Académie française d’ophtalmologie (AFO) soutient cette position : « ce rapport laisse dans l’ombre des parties importantes du processus de mise en place de la loi Macron », remarque le Dr. Thierry Bour, Secrétaire de l’AFO. « En effet, quelles indications  avons-nous sur la manière d’organiser la réingénierie de la formation d’optométriste ? Comment assurer que ces derniers s’installent dans les régions désertées ? Et surtout, que deviendraient les 4 000 orthoptistes de France, si on confie demain leurs attributions aux optométristes ? » Il regrette qu’aucun représentant des ophtalmologistes n’ai été contacté pour le rapport. « On ne peut construire l’avenir de la filière en faisant fi de l’intérêt supérieur des patients. »

Newsletter

Créez votre compte et recevez la newsletter quotidienne de L’OL [MAG]

S’inscrire

Écoles