La filière vise l’excellence et s’organise en comité pour proposer des solutions concrètes
Partager :
Lunetiers, verriers, laboratoires de contactologie, enseignes et groupement lancent une démarche collective pour former le « Comité filière optique d’excellence. » Celui-ci, ouvert à tous ceux qui adhèreront au projet, formule 4 axes de propositions et entend se poser en « interlocuteur qualifié » du gouvernement.
« Les syndicats professionnels cherchent avant tout à défendre les intérêts de leur base et des acquis par rapport à des évolutions qui semblent inévitables. Leur démarche est tout à fait légitime, mais le comité se positionne en dehors des syndicats, dans une démarche de progrès, sans doute plus consensuelle, de manière à être une force de proposition constructive pour mieux maîtriser notre avenir », explique Yves Guénin, secrétaire général du groupe Optic 2000, qui fait partie des entreprises signataires du socle de propositions.
Qualité, coordination, accès aux soins…
A ce jour, la consultation menée par les acteurs de la filière a permis de formaliser des propositions qui s’articulent autour de quatre piliers :
– Assurer la qualité des produits d’optique sur le marché : par exemple en conditionnant le remboursement des produits optiques au respect de spécificités techniques minimales en termes de photo sélection de la lumière nocive, de protection aux UV, de résistance des traitements reflets ou en clarifiant la norme douanière « Made in »…
– Garantir la qualité de service de l’opticien : par exemple en construisant une formation des opticiens non plus sur 2 ans mais sur 3 ou en développant un label qualité pour la distribution des produits optiques.
– Améliorer la coordination des rôles pour un parcours de soins plus fluide : en renforçant la sécurisation du parcours de soins des porteurs de lentilles et l’accompagnement des personnes malvoyantes.
– Garantir l’accès aux soins : en développant les services à domicile, notamment pour les personnes âgées non mobiles.
Exigences et pragmatisme
De fait, l’objectif du Comité filière optique d’excellence est de remettre le client / patient au centre des débat avec la mise en place d’un parcours de soins respectueux de chacun. « Il s’agit de faire progresser la qualité de la filière et l’homogénéité des prestations, et de fluidifier l’accès aux soins. Notre livre blanc donne le socle de la plateforme, sans norme commerciale. Toux ceux qui le partagent peuvent y accéder », commente Yves Guénin. Ainsi, face à la pénurie d’ophtalmologistes, « il n’y a pas une solution miracle mais des solutions qui, mises bout à bout, peuvent régler le problème », explique Xavier Subirana, ophtalmologiste. « Nous sommes très favorables aux délégations de tâches mais, du côté des opticiens, le cursus est pour le moment trop court », souligne le praticien (le comité plaide pour une formation en 3 ans niveau licence, ndlr). « Il faut aussi développer la télémédecine et ressusciter le DMP. »
Côté industriels, le comité espère résoudre deux fragilités : « le minimalisme de la norme CE, issue d’un consensus basé sur le plus petit dénominateur commun, et l’auto-certification », souligne Ludovic Mathieu, DG d’Essilor France. Pour ce faire, le collectif propose notamment d’élever le niveau des normes, de procéder à des contrôles douaniers plus stricts et de confier le contrôle du respect des normes à un laboratoire indépendant. Pour les montures, le laboratoire Alutec va « travailler sur une batterie de tests draconiens, en termes de résistance mécanique, d’usure des revêtements, etc.. pour mettre au point une norme supérieure à la norme CE », déclare Jean-Philippe Guilbert, directeur France de Morel. « Le plafonnement à 150 euros du remboursement des montures est une mesure liberticide qui risque de faire reculer la création, la qualité, la R&D. En reprenant notre marché en main, nous pourrons dialoguer plus facilement avec le gouvernement », ajoute-t-il.
Le livre blanc « Qualité et santé visuelle, pour une filière d’excellence » a été remis aux pouvoirs publics pour leur demander d’organiser une concertation. Il formule les propositions concrètes suivantes pour mieux informer les patients, renforcer les normes et contrôles des matériels, et clarifier le rôle des différents professionnels de la filière en réorganisant la formation dans les métiers de l’optique et en développant la coordination des acteurs:
Assurer la qualité des dispositifs médicaux optiques sur le marché
– Conditionner le remboursement des dispositifs au respect de spécificités techniques minimales
– Développer des contrôles douaniers axés sur le respect des normes ISO et qualifier les fournisseurs en fonction de l’innocuité des produits importés
– Clarifier la norme douanière « Made in » afin de la rendre lisible par les consommateurs
– Exiger des fournisseurs en dispositifs optiques la signature du Pacte Global de l’ONU
Garantir la qualité de service de l’opticien
– Refondre la formation des opticiens afin d’en faire de véritables professionnels de santé en créant un diplôme de niveau licence intégrant une formation en faculté de médecine
– Créer un label de qualité pour les distributeurs
– Créer une autorité professionnelle indépendante non corporatiste
Mieux coordonner les rôles au sein de la filière pour l’efficacité du parcours de soins
– Préserver la place des médecins au coeur du parcours de soin, notamment pour traiter les pathologies
– Déléguer certains actes médicaux aux orthoptistes dans la lignée du Pacte Territoire-Santé
– Renforcer le rôle des opticiens en matière de réfraction, de contactologie et de prise en charge de la malvoyance
– Créer un dossier médical optique pour faciliter les échanges d’information entre acteurs
– Encadrer juridiquement les pratiques liées à la délivrance et l’adaptation des lentilles de contact
Garantir l’accès aux soins
– Favoriser le développement de la télémédecine dans le cadre de protocoles de coopération
– Développer des offres accessibles à destination des publics les plus fragiles
Ci-dessous, la liste des premiers signataires du socle de propositions :
Entreprises :
Alcon : Yvan Sergerie, directeur Vision Care France
Carl Zeiss Vision France : Nicolas Séries, PDG France
Cooper vision : Vincent Brenckmann directeur général France
2M contact : Christian Rothacker, directeur général
Essilor : Ludovic Mathieu, directeur général France
Groupe One : Christian Rothacker
Johnson&Johnson
Krys Group : Jean-Pierre Champion, directeur général
Luxottica : Bernard Galan, directeur général France
Morel Lunetterie : Jean-Philippe Guilbert, directeur général
Optic 2ooo : Yves Guénin, secrétaire général
Optissimo : Christian Rothacker, directeur général
Transitions : Laurent Dosseville
Associations :
ASNAV, association nationale pour l’amélioration de la vue
Personnalités qualifiées :
Benoît Rousseau, orthoptiste, Paris
José-Alain Sahel, directeur de l’Institut de la Vision et de services d’ophtalmologie au Centre Hospitalier National d’Ophtalmologie des Quinze-Vingts et de la Fondation Ophtalmologique Rothschild (Paris)
Jean-Luc Seegmuller, ophtalmologiste, Strasbourg
Xavier Subirana, ophtalmologiste, Paris
Photo : de gauche à droite : Ludovic Mathieu (Essilor), Xavier Subirana (ophtalmologiste), Yves Guénin (Optic 2000), Eric Guignard (Alcon), Jean-Philippe Guilbert (Morel).