« Le plafonnement des remboursements optiques responsabilisera les consommateurs »
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Julien Fillaud est directeur général adjoint du groupe Comparadise et fondateur du site Internet Mutuelle-conseil.com. Acteur intermédiaire de la relation entre les complémentaires santé et les adhérents, il vous livre son point de vue d’expert sur le projet de plafonnement des remboursements optiques.
L’Opticien-Lunetier : Le plafonnement de la prise en charge des équipements optiques vous semble-t-il une mesure pertinente ?
Julien Fillaud : Je pense qu’il y a eu des abus, lesquels ont participé à la hausse constante du prix des complémentaire santé, même si c’est loin d’être le seul facteur. Cette mesure aidera à responsabiliser tout le monde, notamment les consommateurs qui demandent des optimisations de facture et utilisent leur remboursement optique pour s’acheter des solaires. Et plus on est responsable dans sa consommation, plus on a les moyens de négocier le tarif de sa mutuelle. Cela permet de faire jouer la concurrence et d’inciter les acteurs à repenser leurs coûts et leur stratégie.
O-L. : Cette mesure ne représente-t-elle pas une atteinte à la concurrence entre les Ocam ?
Julien Fillaud : Non, car entre le plancher et le plafond, il y aura de la marge et les complémentaires santé continueront de proposer différents niveaux de couverture. D’autres part, à plafond équivalent, les organismes ne proposeront pas leurs garanties au même prix, ni avec les mêmes services.
O-L. : Ce projet risque-t-il de favoriser, comme le pense les associations de patients, le marché de la sur-complémentaire ?
Julien Fillaud : Comme la généralisation de la complémentaire santé, le plafonnement des remboursements devrait en effet engendrer une accélération de ce marché, mais je suis convaincu que la sur-complémentaire ne deviendra jamais un produit de masse. Car ce produit restera très onéreux . La majorité des consommateurs ne sera peut-être pas prête à payer le prix. Nombreux sont ceux qui préféreront payer le supplément, ce qui participera à leur responsabilisation. Aujourd’hui, les clients sont habitués à ne pas payer leurs lunettes. Demain, ils paieront le supplément « qualité. »
O-L. : Le plafonnement des remboursements aura-t-il une conséquence sur les stratégies de communication des Ocam, qui utilisent largement l’optique pour séduire de nouveaux adhérents ?
Julien Fillaud : L’optique, comme le dentaire, continuera d’être un produit d’appel pour les complémentaires santé. Quand les plafonds seront mis en œuvre, elles communiqueront par exemple sur le fait qu’elles remboursent jusqu’au maximum autorisé par la loi.