Le président de la Mutualité française pointe les travers des remboursements optiques
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Interviewé par Les Echos, Etienne Caniard estime que le système actuel de remboursement «ne fait que nourrir l’inflation.»
Alors que Marisol Touraine a déclaré hier 23 septembre, lors de la présentation de la stratégie nationale de santé, que les «critères des contrats responsables (qui bénéficient d’une fiscalité avantageuse, ndlr) seront redéfinis dès le prochain PLFSS afin qu’ils assurent une couverture de meilleure qualité», le président de la Mutualité française se montrent favorable à cette perspective. «Il faut s’assurer que les contrats assurent un bon niveau de prise en charge pour les patients sans pour autant faire monter les prix. On ne peut pas tout rembourser systématiquement si on veut maîtriser la dépense et la somme qui reste à la charge des patients. Il faut fixer des limites. On le voit bien dans le domaine de l’optique. Les complémentaires ont fortement amélioré leur niveau de prise en charge ces dernières années, mais les prix ont augmenté encore plus vite. Au final, la facture des lunettes pour les assurés ne cesse de s’alourdir. Que ce soit pour l’optique, les soins dentaires ou encore les dépassements tarifaires des médecins, le système actuel ne fait que nourrir l’inflation», estime Etienne Caniard.
Pour favoriser le développement de ces contrats responsables, qui limiteraient notamment, comme le préconise le rapport de la Cour des comptes, le niveau des remboursements optiques, le président de la Mutualité française plaide pour une fiscalité «plus discriminante. L’écart entre les deux taux de la taxe, actuellement de 7% pour les contrats responsables et de 9% pour les autres, doit être augmenté pour atteindre au moins 10 points. Pour y parvenir, la taxe sur les contrats non responsables peut être
augmentée mais il est impératif de diminuer le taux, en-dessous de 7%, pour ceux qui respectent les critères», suggère-t-il.
Concernant les réseaux de soins, Etienne Caniard espère un retour de la PPL Le Roux à l’Assemblée nationale avant la fin de l’année. «Le texte qu’a voté le Sénat cet été n’est pas celui que nous aurions souhaité parce qu’il introduit certaines restrictions. Cela dit, nous sommes prêts à l’accepter et à démarrer sur les seuls secteurs de l’optique et du dentaire et de l’audioprothèse. Ce qui importe, c’est de faire la démonstration de la valeur ajoutée des mutuelles dans la contractualisation.»
Enfin, Marisol Touraine ayant annoncé qu’il n’y aurait pas de nouvelles taxes ni de nouveaux déremboursements, «donc pas de transferts vers les complémentaires», le patron de la Mutualité estime que les tarifs des complémentaires santé évolueront dans les mêmes proportions que les dépenses de santé, «de l’ordre de 2,5 % à 3 % l’an prochain. Les hausses importantes que nous avons connues ces dernières années, largement dues aux taxations, sont donc terminées.»